Tigres à la dérive

Pour fuir le deuil de son mari, Véra emmène avec elle sa petite famille par-delà les océans, et choisit pour terre d’asile l’Argentine. Son fils, le narrateur, va nous servir de guide dans ce pays pas encore en crise. L’hispanophile Nicolas Zeisler -il vit à Barcelone- nous immerge littéralement dans la culture argentine: on peste contre le fameux chanteur Carlos Gardel qui  » semble avoir contaminé le pays avec sa foutue tristesse« , on s’accommode des bourgeois de Rosario, et bavasse devant un café avec ce jeune coach étonnant, un certain Marcelo Bielsa; le tout sous l’ombre toujours pesante de Diego Maradona -et celle, fantomatique, de ce père disparu. Le narrateur n’est qu’un enfant, mais aux disputes et divagations bouddhiques de sa mère et de son beau-père, il préfère la compagnie de personnes bien plus âgées. Comme Andres, le vieux voisin féru de Cortázar et de Scott Fitzgerald, ou Luis, un chauffeur de taxi philosophe. Cela parle de la vie, de la mort, de ce que c’est que d’être argentin. Non, il n’y a pas vraiment d’histoire, pas de gros rebondissements… Qu’importe, comme les tigres du titre,  » parfois aperçus, échoués sur de gros morceaux de terre mouvants » après la crue du Paraná, on se laisse volontiers entraîner -par les phrases emplies de sagesse et de poésie de ce jeune auteur assurément à suivre.

De Nicolas Zeisler, éditions Bouclard, 176 pages.

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