« With John Coltrane »

Jazzland OJC 9899 ( Universal)

A partir de juin 1957, désertant Miles Davis, John Coltrane rejoint le quartet de Thelonious Monk. A priori, et même s’il est déjà entré dans la période ascendante qui va le mener vers les sommets que l’on connait, Coltrane ne semble pas être le choix idéal pour l’excentrique Thelonious Sphere Monk, habitué à s’appuyer sur des ténors plus rugueux tels Sonny Rollins, Lucky Thompson, Coleman Hawkins ou Frank Foster -même si le pianiste et le saxophoniste se sont déjà brièvement croisés en… 1948. Mais Coltrane vient à Monk dans un esprit de totale déférence pour la personne et sa musique, décidé à la fois à servir celle-ci et à apprendre le plus possible de la fréquentation du maître. C’est ainsi que leur collaboration va durer 6 mois, devenus mythiques, qu’ils passeront, pour l’essentiel, au Discovery où le groupe se produit plusieurs fois par semaines -dont témoigne un enregistrement, crapoteux mais indispensable, réalisé par Juanita Coltrane. Si elle ne donnera que peu de résultats discographiques, leur rencontre débute par un chef-d’£uvre, Monk’s Music où Trane se trouve associé entre autres à l’altiste Gigy Grice ainsi qu’à Coleman Hawkins, et se clôture (du moins jusqu’à la découverte en 2005 du fabuleux With John Coltrane At Carnegie Hall) en 1961 par la sortie tardive du disque sous rubrique où, à côté de 2 alternate issues de Monk’s Music( Off Minor et Epistrophy), on découvre, enfin, 3 titres enregistrés en studio en quartet ainsi qu’un étonnant trio sans batterie, le tout complété par un solo du pianiste ( Functional). Ces morceaux témoignent d’abord de l’aisance de Coltrane dans la maîtrise de la difficile mélodie monkienne même si, sur la première de ces plages, Ruby, My dear, le maître guide encore pas à pas le disciple. Trinkle, Tinkle sera, par contre, une explosion où Monk se retire du solo du saxophoniste après quelques mesures, laissant Coltrane caracoler avec la seule rythmique. Nutty reçoit un traitement identique, le saxophoniste s’emparant à nouveau totalement de la composition. Enfin, le trio (dont la basse est à peu près absente) de Monk’s Mood, n’est pas la plage la moins intéressante où, après une longue introduction solitaire, Monk se voit rejoint par Coltrane pour un cheminement parallèle plein de méandres et de détours fascinants. l

Ph.E.

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