TRIP MYSTIQUE – TERRENCE MALICK MESURE LE DESTIN D’UNE FAMILLE TEXANE DES ANNÉES 50 À LA MARCHE DE L’UNIVERS, ET SIGNE UN FILM MYSTIQUE ET POMPIER, PALME D’OR À CANNES.

DE TERRENCE MALICK. AVEC BRAD PITT, JESSICA CHASTAIN, SEAN PENN. 2 H 13. DIST: BELGA.

T he Tree of Life repartant de Cannes auréolé de la Palme d’or, on parlera de la chronique d’un couronnement annoncé, tant le 5e opus de Terrence Malick était attendu. Le choix, pourtant, fut loin de faire l’unanimité -euphémisme!-, et à revoir le film aujourd’hui, on ne peut que réaffirmer un sentiment de déception. On ne fera certes pas à Malick le procès d’un manque d’ambition -elle est tout simplement cosmique pour le coup, le réalisateur y mesurant le destin d’une famille texane des années 50 aux origines de l’univers. Soit les O’Brien, que l’on découvre alors que la mort de l’un de leurs 3 garçons les a plongés dans un deuil irrémédiable. Dans la foulée, le film va adopter une architecture complexe, arpentant la ligne du temps depuis le Big Bang jusqu’aux mégalopoles d’aujourd’hui, le c£ur dans l’Amérique des années 50 et l’âme dans un inconscient mystique porteur de réconciliation. Entre-temps, Malick aura décrit le quotidien de cette famille, dans une chronique fascinante des fifties, où il renoue avec le meilleur de son cinéma, tandis que les 3 gamins grandissent entre leur mère aimante et bienveillante (Jessica Chastain, magique) -la grâce- et leur père rigide et autoritaire (Brad Pitt, investi) -la nature. Soit une opposition fondamentale, et le nerf d’un film envisagé à travers le regard de l’aîné des garçons, Jack (Hunter McCracken/Sean Penn), tiraillé entre ces 2 pôles, et dont la quête de sens va se déployer dans le temps.

L’£uvre du réalisateur de Days of Heaven a toujours été imprégnée de spiritualité, voix off méditatives et images souveraines de la nature à l’appui, comme autant d’échos sensibles d’un paradis perdu. Cette ambition cosmique, The Tree of Life la traduit de manière plus littérale que jamais, avec un bonheur fort relatif cependant. Le trip cosmique originel propulse ainsi le film dans la galaxie d’un 2001: A Space Odyssey revisité par Yann Arthus-Bertrand, des accents pompiers en option; quant au final, Malick y force résolument le trait d’un mysticisme new age, dont l’expression explicite s’avère passablement indigeste. Certes pas le chef-d’£uvre annoncé, The Tree of Life n’en reste pas moins passionnant jusque dans ses côtés les plus irritants. En bonus, A la découverte de l’arbre de vie lève un coin du voile sur la méthode Malick, un réalisateur dont on ne peut que saluer la foi dans un pur cinéma…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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