The queen

Kadhja Bonet emmène le r’n’b dans un monde parallèle et s’impose comme la dernière reine, esthète, de la néo-soul.

Son père était chanteur d’opéra, elle étudiait le violon à cinq ans et a grandi en écoutant Chostakovitch et les quatre siècles de musique avant lui. Aujourd’hui, Kadhja Bonet est une diva et une chef d’orchestre. Diva soul, petite-fillote d’une Minnie Riperton. Chef d’orchestre pop, control freak revendiquée et souci du détail assumé. Née à Oakland, diplômée en cinéma à l’Université de Californie du sud, Kadhja Bonet fait de la soul pour salles obscures. Des faux génériques de James Bond. Des mini-symphonies classieuses, modernes et pleines de personnalité. Bonet aime les cordes majestueuses et les flûtes inattendues. L’habillage ample et sophistiqué. Après un premier mini-album ( The Visitor) qui avait alerté en 2016 les oreilles mélomanes et la presse spécialisée, l’Afro-Américaine nous revient avec Childqueen. Disque d’une richesse étourdissante et d’une classe insoumise.

The queen

Moderne et distingué

Enregistré sur une période de deux ans entre Paris, Berlin, Amsterdam et Copenhague, dans des chambres d’hôtel de Barcelone et de Bruxelles, cet album est une petite merveille. Musicalement déjà, Childqueen est d’une ambition débordante. D’une finesse renversante. Rat de studio et raconteuse d’histoire comme elle aime se définir, la magicienne y joue de quasiment tous les instruments. Saxophone compris. Soul, jazz, pop, hip-hop, musique de chambre… L’univers est merveilleux, délicat, en tout instant soigné.

 » Every morning brings a chance to renew, a chance to renew » , répète-t-elle avec une douceur surnaturelle pour entamer son disque. La Californienne ne s’en prive pas. Neuf titres durant (dix avec le titre caché Nostalgia), elle joue avec les ambiances et modernise la soul à sa manière. Procession sonne comme une marche militaire au paradis. L’instrumental Joy souffle dans les arbres d’une forêt enchanteresse. Là où Mother Maybe, qui célèbre le pouvoir de la femme, a le son groovy de la blaxploitation.

Multi-instrumentiste, productrice, arrangeuse, Kadhja Bonet, la soeur de Lisa qui jouait jadis Denise Huxtable dans le Cosby Show, est aussi une exceptionnelle chanteuse. Kadhja a une voix de sirène. Un timbre magique, ensorcelant, qui hypnotise et subjugue dans cet écrin audacieux et distingué.

Quête introspective et spirituelle (écrire ces chansons l’aurait aidée à combattre la dépression), Childqueen est à la fois élégant, subtil, céleste, vulnérable et éminemment personnel. Loin de la soul rétro d’une Amy Winehouse, Bonet serait plutôt à l’intersection de Solange, Erykah Badu, Burt Bacharach et Björk. Une espèce de créature divine venue du futur pour raviver la flamme soul et pop des années 60-70. Un disque aérien qui accompagnera vos chaudes nuits d’été de son insaisissable beauté.

Kadhja Bonet

« Childqueen »

Distribué par Fat Possum.

8

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