MATTHEW MCCONAUGHEY EST SIDÉRANT DANS UN FILM RETRAÇANT LE COMBAT DE RON WOODROOF, REDNECK ATTEINT PAR LE VIRUS À L’ÉPOQUE DE L’EXPLOSION DU SIDA.

Dallas Buyers Club

DE JEAN-MARC VALLÉE. AVEC MATTHEW MCCONAUGHEY, JARED LETO, JENNIFER GARNER. 1 H 57. SORTIE: 05/02.

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Il y a, dans la carrière de Matthew McConaughey, un avant et un après Killer Joe, le film qu’il tournait en 2011 pour William Friedkin. Abonné aux rôles de bellâtre musclé et insignifiant -le genre à donner la réplique à Kate Hudson dans How to Lose a Guy in 10 Days et autre Fool’s Gold, ou à Jennifer Lopez dans The Wedding Planner-, l’acteur texan y signait une composition faisant froid dans le dos, manière aussi d’opérer un virage à 180°, comme pour mieux se réinventer. De fait, depuis, sa filmographie est rien moins qu’exemplaire, qui l’a vu travailler avec Steven Soderbergh (Magic Mike), Jeff Nichols (Mud), Martin Scorsese (The Wolf of Wall Street, pour une scène, mais quelle scène) et enfin Jean-Marc Vallée pour Dallas Buyers Club, et le rôle qui pourrait bien lui valoir une consécration en forme d’Oscar.

Si loin et si proche

Soit l’histoire vraie de Ron Woodroof (McConaughey), électricien texan et indécrottable macho, passant le plus clair de ses loisirs à monter alternativement filles ou bêtes de rodéo, une bière ou une ligne de coke à portée de main. Un rustaud dont la vie va basculer un jour de 1985, lorsqu’il apprend être atteint du virus du sida, cette maladie dont il pensait, comme tant d’autres, qu’elle ne concernait que les gays. Le « Ain’t no faggot, motherfucker » qu’il adresse au docteur ne change pourtant rien à l’affaire, le corps médical lui laisse 30 jours à vivre -pronostic auquel il ne veut se résoudre. Le gaillard est opiniâtre en effet, et va faire preuve de ressource dans l’adversité, en même temps qu’il devra surmonter ses préjugés. Et d’activer bientôt une filière mexicaine illégale de traitements alternatifs à la maladie avec un certain succès. Si bien que des séropositifs toujours plus nombreux feront appel à ses services dans l’espoir d’une guérison: le Dallas Buyers Club est né, mais le combat, médical et juridique, d’un Woodroof devenu altruiste n’est pas terminé pour autant…

L’histoire de Ron Woodroof défie l’entendement; celle du film qu’il a inspiré est à peine moins incroyable, 20 ans s’étant écoulés entre le moment où le scénariste Craig Borten rencontra ce « héros » américain paradoxal et l’aboutissement du projet -auquel l’engagement de McConaughey n’est certes pas étranger. Saisissante, la partition décharnée de l’acteur est de celles qui frappent les esprits, au même titre, d’ailleurs, que celle, bouleversante, de Jared Leto, en travesti que consume le virus. Mais si performance il y a, la justesse n’y est pas plus sacrifiée que l’émotion, les deux comédiens donnant au récit une densité humaine peu banale, par-delà le côté édifiant mais sans excès d’un film où Jean-Marc Vallée trouve le ton juste pour évoquer le temps, si loin et si proche, où le sida explosait, ravageur…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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