The House That Jack Built

Découvert en 2018 au festival de Cannes, The House That Jack Built, le dernier opus de Lars von Trier, avait secoué la Croisette. Le réalisateur danois ne s’embarrasse pas, il est vrai, de ménager le spectateur avec cet autoportrait méticuleux de Jack (Matt Dillon, affolant), un tueur en série se piquant d’architecture et assimilant son entreprise criminelle à l’oeuvre d’art ultime. Disposition que l’on découvre alors qu’il débite son histoire à l’attention d’un mystérieux interlocuteur, Verge (Bruno Ganz), revenant sur cinq « incidents » ayant émaillé son parcours avec le même soin minutieux avec lequel il alignait les cadavres dans un caveau frigorifique.

S’ouvrant sur une route enneigée où une automobiliste (Uma Thurman) se débat avec un cric récalcitrant, problème auquel il mettra un terme définitif en même temps qu’à son babillage insupportable, le récit verra ensuite Jack composer des natures mortes de son cru, adoptant au passage le surnom de « Mr. Sophistication », avant de transformer un pique-nique familial en partie de chasse au son de Vivaldi. On en passe et de non moins gratinées. Il n’y aurait là, sans doute, rythmée par des images de Glenn Gould et le Fame de David Bowie, qu’une plaisanterie d’un goût discutable et pas dénuée de complaisance, si von Trier n’assortissait cette plongée dans l’horreur d’une réflexion foisonnante et passionnante sur l’artiste (maudit) et la création. Non sans signer, dans le même élan, un film tenant de l’acte de contrition comme de la provocation (ainsi quand il convoque Albert Speer et l’imagerie nazie parmi un chapelet de références), le tout porté par une mise en scène virtuose et un humour dévastateur (jusqu’au générique final, déroulé au son de… Hit the Road Jack). Bien givré, en tout état de cause…

De Lars von Trier. Avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman. 2 h 26. Dist: September.

8

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