The good shepherd

© HANLY BANKS CALLAHAN

Devenu un mari et un père, Bill Callahan sort son premier album depuis six ans. Renaissance.

Il n’avait jamais complètement disparu des radars. Il donnait encore des concerts par-ci, par-là. Depuis la sortie de Dream River en 2013, le cow-boy Bill Callahan n’avait toutefois plus dégainé de véritable nouvel album. Juste une relecture de ce dernier en mode dub ( Have Fun with God) et un live enregistré chez Jack White dans les studios de Third Man Records. Jamais le Texan ne s’était autorisé pareille pause depuis le lancement de sa carrière sous le nom de Smog à la fin des années 80 et la sortie de ses premières cassettes sur son fanzine/label Disaster Records.

Chez Drag City, Callahan a publié dix disques de Smog et Shepherd in a Sheepskin Vest est désormais sa cinquième escapade en solitaire. On peut dire que l’homme est prolifique. Le singer-songwriter né à Silver Spring, dans le Maryland, n’en a pas moins connu une petite panne d’inspiration. Un mariage (avec la documentariste Hanly Banks qui avait réalisé son film de tournée Apocalypse), la naissance d’un enfant… Obligations parentales aux allures de congé de paternité. L’accouchement et le retour à l’écriture ont été difficiles. Callahan a même furtivement pensé abandonner sa carrière et se consacrer entièrement à son fils. Il a rapidement réalisé que ce renoncement le tuerait.

The good shepherd

Conseils paternels

« Je ne connais pas tant de chansons que ça qui parlent de mariage heureux et d’avoir un enfant », déclarait-il dans une interview récemment. À la fois ode à la stabilité et réflexion sur l’éphémère (sa mère est morte d’un cancer en 2018), Shepherd in a Sheepskin Vest parle de ce qui vient avec les certitudes. De ce qui est là avant. De ce qui arrivera après. Il affirme aussi que la vie ne s’arrête pas quand on s’installe. « The House is full of life, Life is change… » (Son of the Sea)

La vie de Callahan a changé. Sa musique aussi. Le format de ses chansons surtout, plus courtes, plus directes. Elles sont 20 à peupler ce double album dont il se dégage un vrai sentiment de proximité, un air de confidence. Bill raconte sa vie de manière très simple et factuelle, terre à terre. Un peu comme Phil Elverum s’épanchait sur le décès de sa femme à travers l’album A Crow Looked at Me de Mount Eerie. Mais dans la peau d’un mec comblé et non dévasté…

On s’imagine l’Amérique et ses grands espaces, mais vus depuis le porche de la maison. En écoutant Tugboats and Tumbleweeds, en l’entendant offrir des conseils paternels à son fiston, on se dit que le berger, le shepherd qui a donné son titre au disque, c’est sans doute lui. Désormais gardien de ce troupeau qu’on appelle une famille. De sa voix profonde, grave, chaude et douce de folker crooner, Callahan nous donnerait d’ailleurs presque l’impression d’en faire partie. « I sing for answers. I sing for good listeners. And tired dancers », glisse Bill sur Call Me Anything… On ne pourrait sans doute mieux les résumer, lui et son album.

Bill Callahan

« Shepherd in a Sheepskin Vest »

Distribué par Drag City/V2. En concert le 06/10 à l’Ancienne Belgique.

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