The Freedom Jazz Dance

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LE MYTHIQUE LOST QUINTET DE MILES DAVIS EST MIS EN LUMIÈRE COMME JAMAIS GRÂCE à LA PARUTION D’UN BOOTLEG (LÉGAL) ÉBLOUISSANT.

Longtemps connu uniquement par les publications pirates des concerts donnés lors de sa tournée européenne en 1969, le Lost Quintet de Miles Davis (au revoir Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, bonjour Chick Corea, Dave Holland et Jack DeJohnette), baptisé de ce nom parce qu’il n’a jamais enregistré en studio, est sorti des limbes il y a six ans grâce à la publication dans la Bootleg Series, d’un album de trois CD et un DVD. Intitulé Miles Davis Quintet Live in Europe 1969, on y trouvait les prestations du festival d’Antibes/Juan-les-Pins de juillet et deux concerts appartenant à la tournée d’automne captés à Stockholm et Berlin -ce dernier, filmé en couleur dans le cadre du Berliner Jazztage 69 et visuellement splendide, bénéficiait de surcroît d’une prise de son étincelante.

The Freedom Jazz Dance

Il est free, Miles

C’est à Rotterdam, ultime date d’une tournée qui, entre le 26 octobre et le 9 novembre 1969, en comprenait dix, que TheLost Quintet a été enregistré. Au moment où le combo se produit dans la cité hollandaise, le séminal In a SilentWay est disponible depuis fin septembre. Si pratiquement aucune information sur le concert ne figure dans son livret minimaliste, la pochette du disque (disponible en CD et LP) nous offre, en revanche, un génial détournement de la couverture de Bitches Brew, dont les sessions d’enregistrement, tenues les 19 et 20 septembre, ne sortiront que l’année suivante. Le peintre Chad Patterson y a en effet repeint à grands coups de brosse la célèbre couverture afro-psychédélique signée Abdul Mati Klarwein. En la transformant en un tableau abstrait, il souligne avec génie la radicalité de la musique, free et furieuse, de ce Lost Quintet, comparée au jazz-rock binaire, mystique, intense et révolutionnaire, mais encore très abordable, de son modèle.

Emmené par le ténor de Wayne Shorter que traverse sur chaque titre l’esprit de liberté de l’époque, c’est l’ensemble du groupe qui est à l’unisson du saxophoniste. Miles lui-même se lâche comme jamais en délivrant deux ou trois solos de trompette qui comptent parmi les plus radicaux de toute sa carrière. Si l’on ajoute un Chick Corea déchaîné au piano électrique, instrument qu’il n’a jamais aussi malmené qu’ici, et un Jack DeJohnette en ébullition derrière ses fûts, ce Lost Quintet est le plus barré de tous les albums du Prince Noir publiés à ce jour.

Miles Davis

« The Lost Quintet »

Sleepy Night Records SNRCD013.

10

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