Tes yeux ont vu

De Jérôme Dubois, Éditions Cornélius, 160 pages.

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Soyons clair, l’intérêt de Tes yeux ont vu réside dans son ambiance graphique. Le scénario -louable au demeurant- tient sur un grand timbre-poste. Soit une chercheuse dans un laboratoire privé qui ramène chez elle le fruit de son travail après s’être faite virer. Elle garde donc dans une pièce secrète de sa maison une créature de Frankenstein contemporaine. Celle-ci commence à se poser les questions existentielles de base: qui suis-je, où cours-je, dans quel état j’erre? Elle attrape également des fourmis dans les jambes et c’est là que les ennuis du docteur commencent. Le dessin, donc; la palette graphique de Jérôme Dubois n’est composée que de blanc, de rouge et de deux nuances de bleu, qu’il applique soit en aplat, soit au trait. Avec cette contrainte, l’auteur crée des ambiances parfois très dépouillées: les visages sont par exemple réduits à leur plus simple expression. Mais il peut également retranscrire avec minutie tout l’environnement complexe d’un laboratoire ou l’intérieur très chargé d’une belle demeure XIXe. Les scènes d’extérieur sont également impressionnantes, comme la très belle séquence qui ouvre l’album et où l’on suit une voiture sur l’autoroute. On se trouve au final devant un récit peu bavard, où l’auteur ne pousse pas assez loin sa réflexion sur le mythe de Prométhée, laissant le lecteur quelque peu sur sa faim.

C.B.

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