CYRIL DION, LE CORÉALISATEUR DE DEMAINVEUT FAIRE RÊVER, MAIS AUSSI BOUGER. POUR NE PAS DÉSESPÉRER DE L’AVENIR.

Il a d’abord milité au sein du mouvement Colibris, formé autour de Pierre Rabhi et prônant « la transition individuelle et collective » pour « une société écologique et humaine« . On le retrouve aujourd’hui à la coréalisation d’un film nourri du désir qu’avait l’actrice Mélanie Laurent de « montrer des initiatives qui changent le monde« . Cyril Dion nous parle de Demain avec une foi dans l’avenir qui tranche sur le pessimisme ambiant, le discours catastrophiste et uniquement culpabilisant que tiennent nombre d’intervenants face au réchauffement climatique et à ses conséquences potentiellement funestes. « Notre parti pris est clairement d’éviter le défaitisme, et ce cynisme qui est tout de même le sport national français, et d’y opposer de la joie, de l’optimisme. On n’a pas le choix, on a 20 ans pour réagir. C’est aujourd’hui qu’il faut y aller! » Et Dion de présenter Demain sous l’aspect d’un mode d’emploi du « comment faire pour y aller« . Un mode d’emploi qui puisse « transmettre de l’espoir et stimuler la créativité de chacun. » La cote « spectateurs » record de 4,7 sur 5 sur le site AlloCiné témoigne de l’effet « feelgood » engendré par le film. « Les gens sortent ragaillardis, et certains nous le reprochent. Serait-il mieux qu’ils sortent déprimés ou dans un entre-deux genre « je sais pas »?« , s’anime celui qui prépare actuellement un nouveau film sur le sujet crucial de la possibilité de voir la multitude d’initiatives locales, régionales et nationales évoquées par Demain créer ensemble les conditions d’un changement global, à l’échelle de la planète. « Tout commence toujours au plus petit échelon, explique Cyril Dion. Si on ne fait pas en sorte, au plus petit échelon, que ça marche, pourquoi cela marcherait-il au plus grand? Si on ne fait pas en sorte que nos économies, dans les endroits où nous vivons, sur nos territoires, soient à la fois saines et résilientes, comment l’économie mondiale pourrait-elle l’être? Si on ne pose pas la question de ce que nous mangeons et de qui le produit, comment l’agriculture mondiale pourrait-elle nourrir la planète? Nous mourrons du fait que tout est trop virtuel, éloigné du réel, éloigné de nous… Toutes les grandes négociations internationales se passent à huis clos, ce qui est absolument antidémocratique! »

Emotion

« Nous voulions que Demain soit un vrai film qui raconte une histoire, une autre histoire que celle qui nous est répétée à longueur de journée par le cinéma, la télévision, la publicité. Une histoire qui puisse donner à chaque spectateur l’idée d’un changement dans sa manière de vivre, de manger, de consommer, et le faire se demander aussi ce qu’il veut transmettre à ses enfants… » Ainsi se sont imposés « le choix du road-movie, le fait de nous mettre en scène, afin de créer une identification, et aussi une dramaturgie non linéaire, où chaque difficulté rencontrée nous remet sur la route: on découvre des alternatives agricoles, mais comme l’agriculture dépend encore du pétrole, on aborde le sujet de l’énergie, et ainsi de suite… » Les personnes interviewées dans le film communiquent bien, et prennent devant la caméra des allures de héros, loin du côté plan-plan, voire grisaille, de trop de reportages cataloguant les faits sans susciter de désir. « Cette dimension était essentielle, commente Dion, nous ne voulions rien de fade, nous voulions de l’émotion. Etymologiquement, l’émotion est ce qui nous meut. Et c’est justement l’envie de bouger que veut provoquer Demain! »

« Nous pouvons et nous devons reprendre le pouvoir, la responsabilité de construire le monde dans lequel nous voulons vivre, conclut-il, et c’est l’affaire de chacun, cela ne viendra pas d’en haut. Nous pouvons mutualiser des millions d’économies locales interconnectées les unes aux autres. » Alors, rêve d’un impossible idéal ou réalité prochainement tangible? Demain choisit d’y croire avec un optimisme sans doute un peu forcé mais aussi et surtout avec de nombreux arguments percutants. Notamment quand il aborde deux questions essentielles et pourtant si souvent négligées au seul profit du domaine économique: celle de la démocratie qui çà et là se réinvente, et celle de l’éducation, pour laquelle un pays comme la Finlande a imaginé des solutions nouvelles, audacieuses, pertinentes.

RENCONTRE Louis Danvers

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