EXCERPTS FROM OUTSIDE DE DAVID BOWIE MARQUE LA 500E SORTIE DE MUSIC ON VINYL. LABEL HOLLANDAIS SPÉCIALISÉ DANS LA RÉÉDITION DE 33 TOURS. PROMENADE À HAARLEM DANS LE TEMPLE DU MICROSILLON.

Cinq cents 33 Tours. Depuis sa création il n’y a même pas trois ans (acte de naissance en octobre 2009), Music On Vinyl a sorti 500 références. Et pas de la gnognotte. Safe as Milk de Captain Beefheart, Johnny Cash at Folsom Prison, London Calling de The Clash, Kind of Blue de Miles Davis, Night Beat de Sam Cooke, Blonde on Blonde de Bob Dylan ou encore Boces de Mercury Rev… Excusez du peu.

La boîte est installée à Haarlem, dans la banlieue d’Amsterdam. Elle partage les mêmes bâtiments, sur zoning industriel, que Record Industry. La plus grande usine de pressage du monde avec ses 33 presses et une capacité de production de 30 000 disques par jour.

Music On Vinyl est né d’une coopération entre cette véritable institution et Bertus Distribution, et s’est spécialisé dans le vinyle. Pas n’importe lequel. Le vinyle de qualité. Celui de 180 grammes. Le label travaille avec un ingénieur du son qui compte 35 ans de métier.  » Et à partir des meilleurs masters analogiques possibles. Une copie de première génération pour le Bowie« , précise le bonhomme qui s’affaire entre un ordinateur et un appareil enregistreur, une drôle de machine semblant hésiter entre archaïsme et modernité.

De l’autre côté du couloir, c’est l’usine. Les réservoirs d’eau (mélangée au nickel) dans lesquels baignent les matrices. Les machines de pressage. D’empaquetage. Et un immense atelier de maintenance pour parer toute inquiétante éventualité. Les lieux sont pratiquement inodores. Et pas particulièrement assourdissants.

Music on Vinyl a conclu des contrats de licence pour l’Europe et le Canada (mais pas les Etats-Unis) avec les plus gros labels (Sony, Universal, EMI) et de plus petites structures comme Cooking Vinyl ou V2 Benelux…

Les critères de réédition? 1. Les goûts personnels de l’équipe de sélection. Que ce soit en rock, folk, soul, blues, jazz ou même rap. 2. La rareté d’un album. Le genre de trucs qu’on ne trouve plus qu’à 100 euros sur eBay. Et enfin, 3, l’intérêt que peut lui porter la nouvelle génération.

Music on Vinyl, qui compte cinq employés, n’a pas la fibre mortuaire et évite de surfer sur le décès des stars pour garnir son compte en banque. Une malédiction, ou une bénédiction c’est selon, semble néanmoins planer au-dessus de ses vinyles. Les disparitions subites et l’actualité nécrologique ont ainsi dopé quelques-unes de ses ventes. Le King of pop Michael Jackson et le prince of rock’n’soul Solomon Burke ont tous deux rendu leur dernier souffle alors qu’un de leurs disques était sur les presses.  » Espérons qu’Aretha Franklin, pas en très bonne santé et que nous rééditerons bientôt, n’aura pas droit au même sort« , lance en boutade Mark Klinkhamer, product et label manager. Comme dirait Dominique A:  » Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça les fait vivre plus longtemps. »

Une fois la sélection opérée, l’essentiel et le plus dur restent à faire. Mener à bien les négociations.  » Les tractations peuvent prendre pas mal de temps. Il nous faut convaincre tous ceux qui ont leur mot à dire. Les maisons de disques, les artistes qui contrôlent leur propre répertoire, leurs ayants droit… On a particulièrement ramé sur le Is This It des Strokes. » Avec la pochette originale, et pas l’horrible version américaine. Presque normal quand on connaît les relations un peu tumultueuses que semblent entretenir les New-Yorkais depuis quelques années.

Effet de mode?

Music on Vinyl propose de chouettes packages, avec abondants livrets, posters, CD et/ou codes de téléchargement.  » Nous sommes un label de qualité. Haute résolution. Nous travaillons avec des designers. Nous savons pertinemment que l’artwork est une valeur ajoutée. »

Pour qu’un titre devienne rentable, le label doit l’écouler à 1000 exemplaires. Sa meilleure vente? Eddie Vedder avec la bande originale d’ Into the wild (15 000 copies)… Suivi par le Grace de Jeff Buckley (13 000 pièces) et Rage Against The Machine (10 000).  » C’est lié au film de Sean Penn, que les gens continuent de découvrir. Au côté « £uvre d’art » de l’objet. Et à notre public indie et grunge, tout aussi nombreux que nos amateurs de rock dur et de classic rock. »

Music on Vinyl ne vend pas directement en ligne mais deale avec des chaînes, des indépendants, des sites tels qu’Amazon…  » Je réfute l’idée d’un effet de mode. Nous avons un public âgé fidèle mais aussi toute une génération qui télécharge peut-être mais qui, quand elle met la main à la poche, tient de plus en plus à avoir un bel objet. Un vinyle plutôt qu’un boîtier en plastique. La tendance se confirme. On le ressent d’ailleurs au jour le jour. La demande ne fait qu’augmenter. » Et elle ne risque pas de s’effondrer vu la mort annoncée du CD.

Music on vinyl possède une communauté de 2000 suiveurs sur Facebook et certaines grandes maisons de disques ont déjà proclamé qu’elles arrêteraient de produire des Compact Discs audio d’ici la fin de l’année.  » Je ne crois pas à sa disparition subite, reprend Mark Klinkhamer. Regardez les chiffres de vente du dernier album d’Adele… Même si le CD disparaît des magasins, il continuera à vivre encore quelque temps. Sa situation difficile joue en notre faveur mais je ne vais pas jouer les Madame soleil. Je ne sais pas dans quelle mesure sa chute peut influencer notre chiffre d’affaires.  »

Actuellement, la demande est telle que Music On Vinyl est full jusqu’à la fin de l’année. Il sort environ 20 disques par mois et entend dépasser les 650 références d’ici décembre. La concurrence risque de se faire sentir de plus en plus étant donné le retour en force du vinyle.  » Je n’ai pas peur. Nous avons de l’avance et du savoir-faire. »

WWW.MUSICONVINYL.COM

TEXTE JULIEN BROQUET, À HAARLEM

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