Critique | Musique

[l’album de la semaine] Arthur Satàn – So Far So Good

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Arthur Larregle, chanteur et guitariste de J.C. Satàn, se lance en solitaire et signe un remarquable premier album au doux parfum sixties.

Selon la légende et accessoirement la bio concoctée par son incontournable label (Born Bad Records), J.C. Satàn est la meilleure affaire jamais conclue entre les villes de Bordeaux et de Turin depuis le transfert de Zinédine Zidane à la Juventus. Après onze ans de carrière, cinq albums, les EP et singles qui vont avec, le meneur de jeu moustachu et tatoué de cette bande d’attaquants (« Offensive, je choisis la solution offensive« ) ralentit le tempo le temps d’un premier album solo. Arthur Satàn, c’est Arthur Larregle. Un mec qui brouille les pistes et a des noms de groupes bizarres à glisser dans son CV (victoire pour Amphetamine Penis). C’est qu’avant comme après J.C., Arthur a toujours eu plein de projets. Qu’ils tapent dans le punk cracra (Polar Strong), le garage rock (Hoodlum) ou prennent déjà des atours plus pop (Crane Angels).

So Far So Good ne tombe pas du ciel. Au printemps 2010, Larregle avait enregistré un EP, Four Naked Sons, qui baignait déjà dans les effluves sixties. Cet album est un voyage dans l’Histoire de la pop et du rock. Une promenade aussi façon Being John Malkovich au coeur de ses obsessions mélomanes. Arthur voit chaque titre du disque comme une espèce d’exercice de style sur ce qui l’a fait grandir en musique. Alors, il y a forcément du Kinks, du Beatles, du Beach Boys, de la Library Music et des bandes originales de films dans ces dix petites pépites extravagantes et assumées. She’s Hotter Than the Sun dresse son T-Rex avec un refrain MTV des années 90. The Boy in the Frame a piqué un bout de piano à Melody Nelson.

Sous la douche

Satàn invite à ne pas écraser le talent sous le poids de références intouchables. Mais s’il donne le bâton pour se faire battre (il y en a tellement des influences notoires et notables sur ce disque), le Bordelais s’en saisit pour mettre la fessée et imposer sa griffe. Arthur (l’histoire ne dit pas si ses parents étaient fans du concept album sorti en 1969 par le groupe des frères Davies) les fait valdinguer avec un sens inné de la mélodie. Des mélodies qui, dit-il, viennent le hanter quand il glande sous la douche.

Mellotron, guitares acoustiques cajoleuses, choeurs irrésistibles… So Far So Good s’offre une comptine folk médiévale sur un vampire amoureux de sa victime (Love Bleeds from Your Neck), une pop song vintage à la Supergrass (Free), une ballade folk à la Lennon/McCartney (She’s Long Gone) ou encore un intermède instrumental qui renvoie à John Fahey (The Nap)… Pendant le confinement, Arthur a trouvé le temps de finir trois disques dont ce solo enregistré dans sa chambre. Un album qui, on l’espère, en appelle d’autres.

Arthur Satàn, « So Far So Good », distribué par Born Bad. ****

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