Quarante ans après avoir inventé la pop de plage, les Beach Boys hantent encore la scène musicale. Exemple avec les Broken Glass Heroes, dernier projet en date de Tim Vanhamel et Pascal Deweze.

On en parlait depuis un petit temps, mais apparemment le projet prend forme, petit à petit: les Beach Boys devraient bien avoir droit à leur biopic. Il s’agira d’une comédie musicale. A la Mamma Mia, selon les premiers échos. Annoncé comme ça, il n’est pas interdit de craindre le pire… En attendant, voilà une nouvelle preuve de l’empreinte que les rivaux américains des Beatles ont laissée sur leur époque, et sur la musique pop en général. Aujourd’hui plus que jamais, dirait-on. Il suffit de se pencher sur l’actualité musicale pour retrouver ci et là des traces des garçons de plage. Let’s Not Fall Apart, par exemple. Rythmique à la Phil Spector, ch£urs angéliques, mélodie limpide: ultraréférencé, le premier single des Broken Glass Heroes n’en reste pas moins irrésistible. L’album, Grandchildren of the Revolution, a suivi. Derrière le projet, on retrouve 2 solides gâchettes du rock d’ici: Tim Vanhamel (Millionaire, dEUS…) et Pascal Deweze (Metal Molly, Sukilove…).

Au départ, il s’agit d’une commande. Tim Vanhamel: « Une boîte de production qui avait besoin d’une bande son pour l’un de ses programmes télé ». En l’occurrence, une émission de caméra cachée diffusée sur VTM, Benidorm Bastards, capsules souvent politiquement incorrectes. But de l’exercice pour les 2 musiciens: remettre une trentaine de morceaux typés sixties. « On s’est vite pris au jeu. A la base, on pensait même chanter avec des voix à la Mickey Mouse pour éviter que l’on nous reconnaisse. Mais après 2 chansons, on était déjà partis sur autre chose. A la fin, on s’est rendu compte que les morceaux étaient meilleurs que prévus. Plus personnels aussi. » Morale de l’histoire: « Avoir un cadre de travail peut être libérateur. Cela peut être des images à accompagner, une deadline, un format particulier… En fait, quand tout est ouvert, vous perdez pas mal de temps à réfléchir où aller. Regardez les Whites Stripes: 2 instruments, 2 couleurs… C’est très stimulant. Le prochain disque, on peut par exemple décider qu’on l’enregistrera avec un banjo, une table et un lustre. Pourquoi pas? » Pour le projet Broken Glass Heroes, Vanhamel est donc allé chercher Pascal Deweze. Pas un hasard. « Je connaissais sa passion pour les harmonies vocales, les mélodies… » L’intéressé explique: « J’ai appris la musique comme ça: devant mon magnéto, à chanter des mélodies, à 2, 3 voix. A l’époque, je ne savais pas jouer d’instruments. J’ai dû prendre pour la première fois une guitare en main vers 17, 18 ans. Jusque-là je me contentais de ma voix. J’essayais de trouver des harmonies intéressantes. »

Sous les pavés

Voilà donc les 2 musiciens partis sur la route musicale des sixties. Tim Vanhamel: « Il y a un facteur Ween », du nom du groupe alternatif américain qui s’est fait une spécialité de pervertir différents genres en y collant au plus près. Pascal Deweze: « Mais on n’est pas dans le pastiche pour autant. On a trop de respect pour ces musiques-là. » Celle des Beach Boys est centrale dans Grandchildren of the Revolution. Parfois avec second degré ou contrepied( Winter of Love). Pour avoir évolué jusqu’ici davantage dans un registre rock, parfois dur, Vanhamel n’était pas forcément attendu sur ce terrain sablonneux. Le connaît-il d’ailleurs bien?  » Tout le monde connaît les Beach Boys! Ils font partie de la mémoire collective. Après il faut un peu creuser évidemment. Je n’ai pas toute leur discographie, mais un disque comme Pet Sounds , oui, évidemment. »

A la tête du groupe, centré autour de la fratrie Wilson, Brian fait partie de ces génies qui ont payé leur talent de leurs errances mentales. Son récent retour aux affaires, fragile mais réel (il vient encore de sortir un album d’hommage à Gerschwin), n’est peut-être pas pour rien dans le regain d’intérêt pour la musique des Beach Boys. L’époque et l’ambiance générale non plus… « C’est vrai qu’on sent que c’est dans l’air. Pourquoi? L’incertitude de l’époque, la crise… On a peut-être envie de retrouver une musique plus joyeuse, ensoleillée. «  Plus innocente aussi? « Sûrement. Même si on sait que derrière le rideau, en coulisses, il se passait pas mal de choses. C’était très rock’n’roll. »

Au rayon frais des disquaires, on trouve donc un groupe comme The Drums qui chante Let’s Go Surfing, tandis que les Magic Kids pondent Summer, assumant par ailleurs sans complexe l’influence de la pop californienne des Beach Boys ( Hey Boy). On pourra interpréter cette vague (de surf) comme on veut. Le besoin d’une certaine simplicité au milieu du cynisme musical généralisé? Le retour du beau temps sur une scène musicale déprimée? « A moins qu’il ne s’agisse d’un nouvel effet du réchauffement climatique », rigole Vanhamel. Allez savoir…

Broken Glass Heroes, Granchildren of the Revolution, distribué par Pias.

Rencontre Laurent Hoebrechts

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