Sousbrouillard

À la mort de sa mère adoptive, Sara reçoit en héritage un bout de bracelet en tissu sur lequel est inscrit le nom d’un village perdu au milieu de nulle part: Sousbrouillard. La jeune femme y débarque par une fin d’après-midi pluvieuse avec pour tout bagage son sac à main et un oiseau en cage. À ce stade du récit, le lecteur aguerri aura compris que cette Cosette des temps modernes cherche les origines de sa propre histoire. L’enjeu est ici moins la réussite de sa quête que le prétexte de la rencontre d’une kyrielle de personnages plus ou moins abîmés par la vie mais hauts en couleur. On y trouve une vieille cantatrice à la retraite, une « prêtre » dont les sermons attirent surtout les agnostiques, un fils qui s’occupe de son père rongé par une histoire d’amour qui a mal fini, et bien d’autres encore. Qu’est-ce qui fait que Sousbrouillard soit le lieu de passage et parfois le bout du chemin pour autant de gens différents? Les auteurs vont s’employer à raconter ces tranches de vies. On ne peut parler ici d’histoires à tiroirs, mais chaque protagoniste va apporter une pierre à l’édifice, que Sara va tenter de reconstruire pour pouvoir, espère-t-elle, repartir dans la vie sur de meilleures bases. Pandolfo et Risbjerg atteignent ici leur vitesse de croisière, ce qui leur permet de ne pas tomber dans le pathos ou le scénario trop attendu. Le dessin se fait plus précis que pour les précédentes productions du duo, permettant de développer une ambiance particulière pour chaque destinée. La poésie du scénario arrive à captiver le lecteur malgré la multitude des récits et les nombreux changements de rythme. Une belle réussite pour ce feel good mélancolique.

Sousbrouillard

D’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, éditions Dargaud, 200 pages.

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