Sous le ciel des hommes

Au coeur d’un Grand-Duché montagneux imaginaire… qui ressemble furieusement au Liechtenstein, dans le silence ouaté d’ennui qui enveloppe tel un nuage ce paradis fiscal, la vie n’est pourtant pas aussi plate et transparente que le miroir d’eau du lac local. Un jeune réfugié illégal, Hossein, décroche une place chez un ancien grand reporter célèbre: il doit servir de matière au prochain ouvrage de ce dernier. Quant à Samira, sur place depuis plusieurs années, elle fait des ménages, notamment dans la demeure familiale de cette businesswoman qu’est Sylvie. Laquelle entretient une liaison adultérine avec Jérôme, vieux thésard qui fait partie d’un groupe de gauchistes, préparant un ouvrage collectif -au titre qui ne ment pas: Remonter le courant, critique de la déraison capitaliste. Ce livre, ils souhaitent le présenter à celui qu’ils croient être leur gourou, Waizer, vieux sage en effet (« weiser » en allemand), bien trop sage que pour s’instaurer nouveau grand-duc de pacotille dans l’optique du grand soir qui tombe tôt ici en hiver… même pour l’alter-monde. Roman choral limpide, cohérent, à l’écriture fluide et l’humour malicieux, le récit que compose la Belge Diane Meur est parfaitement maîtrisé: tel un oiseau de proie au regard acéré, elle voit, observe et « lit » tout de ce petit monde, ce concentré d’humanité. De fait, l’autrice atteint ici des sommets…

De Diane Meur, éditions Sabine Wespieser, 340 pages.

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