Coproduction franco-belgo-japonaise, La Tortue rouge voit le légendaire studio d’animation nippon Ghibli collaborer pour la première fois avec un artiste étranger. L’histoire débute en 2006, lorsque Michael Dudok de Wit reçoit un courriel lui demandant au débotté s’il accepterait que Ghibli distribue son court métrage oscarisé Father and Daughter au pays du Soleil levant, mais encore s’il serait intéressé de travailler avec le studio sur un long métrage de sa création. « En général, ce genre de question est posée prudemment, mais là, comme ça, plouf, c’était bizarre. J’ai répondu que j’étais vivement intéressé, mais je leur ai aussi demandé de me réexpliquer ce qu’ils attendaient, n’étant pas sûr d’avoir bien compris… » La confirmation suivra, et le cinéaste hollandais, auteur d’une poignée de courts métrages à peine en une quinzaine d’années, se lance alors dans l’aventure de son premier long.

Affinités électives

Entre l’auteur du Moine et le Poisson et Ghibli, les affinités ne sont pas seulement esthétiques, elles sont aussi philosophiques, et le réalisateur a manifestement trouvé dans ce cadre (complété par Wild Bunch en France, le film étant tourné au studio Prima Linea) un environnement créatif idéal. « Cela paraît incroyable, mais au début, ils m’ont juste dit: « Michael, fais un beau film, nous avons confiance », et j’ai eu carte blanche pour l’histoire comme pour le film, même s’ils suivaient bien sûr les progrès d’une aventure risquée malgré tout. Ils voulaient s’assurer que j’étais en mesure de la mener à bien et que le film soit compatible avec leur sensibilité. » Des conditions de rêve, pour une collaboration marquée du sceau de l’estime et de la confiance réciproques. Si de Wit insiste pour avoir un feed-back régulier de ses partenaires japonais, ceux-ci, en retour, n’arrêtent pas de préciser: « Voilà ce que nous pensons ou suggérons, mais c’est toi qui décides, tu es le réalisateur. »« Leur participation a consisté à me donner leur avis, mais aussi une certaine confiance: ils faisaient office de mentors, dont je savais qu’ils seraient là en cas de besoin. Ils m’ont prodigué leurs conseils, mais sans rien imposer, ni sur l’histoire, ni sur l’esthétique, ni sur l’animation, ni sur la technique… » Le résultat est un film de toute beauté, conte onirique portant la griffe de son auteur comme celle du studio. Non sans apporter la démonstration qu’en dépit de la retraite des figures tutélaires incarnées par Hayao Miyazaki et Isao Takahata (ce dernier étant par ailleurs étroitement associé à La Tortue rouge), les productions Ghibli n’ont pas fini de nous émerveiller…

J.F. PL.

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