Critique | Musique

[l’album de la semaine] Nick Waterhouse – Promenade Blue

© Zach Lewis
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L’érudit Nick Waterhouse fait groover la soul et le rock vintage, se prend pour Phil Spector et reprend les Seeds.

Parfois, on se dit que Nick Waterhouse a été cryogénisé. Qu’on l’a congelé fin des années 50 début des années 60 avec ses beaux costards et les lunettes de Buddy Holly. Peut-être qu’il était avec lui et Ritchie Valens dans l’avion de fortune qui s’est écrasé le 3 février 1959 près de Clear Lake dans l’Iowa. Il aurait pu en tout cas. Nick Waterhouse n’a pas que le goût du vintage, l’amour des vieilles choses. Il a un don. Celui de créer un son d’un autre temps. Waterhouse, c’est l’Amérique des drive-in (très Covid ça le cinéma en plein air et dans sa bagnole), la rencontre des musiques blanches et noires, les promenades en décapotable au bord de l’océan…

Initié aux voitures et à la mécanique par son père pompier, Waterhouse est né au milieu des années 80. Il a grandi à Santa Ana (il a intitulé un de ses nouveaux morceaux Santa Ana, 1986, « born in California baby« ) avant de déménager à San Francisco et de bosser chez un disquaire spécialisé branché sur ce qui berçait la société américaine au milieu du siècle dernier. Ce sont ses potes les Allah-Las, d’autres anciens vendeurs de disques, qui le disaient: Nick n’a pas seulement une connaissance encyclopédique de la musique, il a un avis sur tout. Et s’il a rêvé gamin de devenir archéologue, c’est une passion qu’il assouvit dans les bacs à vinyles, les instruments et le matériel vintage.

[l'album de la semaine] Nick Waterhouse - Promenade Blue

Pushin’ Too Hard

Hanni El Khatib, cofondateur de son label Innovative Leisure, s’est totalement fourvoyé après un premier album remarquable. Waterhouse, lui, continue de creuser le sillon d’une soul à l’ancienne, d’un rhythm’n’blues terriblement bien foutu, d’un jazz qui groove et d’un rock à papa (quand il était encore jeune et beau) n’ayant pas pris une ride ni même encore la poussière. Promenade Blue, son cinquième album en dix ans, est à nouveau une petite merveille du genre. Un bout du wall of sound de Phil Spector (Place Names, Very Blue). Une reprise du Pushin’ Too Hard des Seeds. Les choeurs gospel des Sensational Barnes Brothers (Medicine)… Produites par l’Anglais Paul Butler (leader des Bees croisé entre autres au chevet d’Andrew Bird, Vanessa Paradis, Devendra Banhart et Michael Kiwanuka), ces treize chansons se distinguent par un cachet d’un autre temps et un incroyable savoir-faire. L’album parle d’amour fraternel, universel, altruiste pour ceux qui font une différence dans nos vies et nous changent de l’intérieur. Il raconte les hauts et les bas. Les âmes soeurs trouvées et perdues. Il y a 60 ans, les tubes en puissance de Promenade Blue seraient passés en boucle à la radio et auraient cartonné dans les charts. La voix de crooner de Waterhouse aurait accompagné les crushs adolescents. Un impeccable disque qui a le grain et le groove.

Nick Waterhouse, « Promenade Blue », distribué par Innovative Leisure/V2. ****

Le 11/10 à l’aéronef (Lille), le 25/10 au Depot (Leuven)

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