Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ANNONCÉ COMME L’UNE DES RÉVÉLATIONS DE 2015, KWABS CONFIRME SES BELLES PROMESSES SOUL, MÉLANGEANT MODERNITÉ DE LA PRODUCTION ET CROONING SENSIBLE.

Kwabs

« Love + War »

DISTRIBUÉ PAR WARNER.

7

Les mystères de la hype sont décidément impénétrables. Il y a un peu moins d’un an, en décembre 2014, on rencontrait Kwabs dans les couloirs de Reyers. C’est peu dire que l’Anglais avait alors la cote. Avec sa voix de baryton à l’emballement proche du gospel, marquée par un léger cheveu sur la langue, Kwabena Sarkodee Adjepong passait volontiers pour la dernière révélation soul anglaise. D’origine ghanéenne, mais né à Londres en 1990, il avait notamment pour lui d’avoir passé trois ans dans le National Youth Jazz Orchestra, avant de se faire remarquer sur YouTube avec sa reprise de James Blake (The Wilhelm Scream).

Après une triplette de EP’s, le chanteur faisait ainsi partie des favoris susceptibles de terminer à la première place du fameux concours BBC Sound of. Mieux: alors même que la date de sortie de son premier album n’avait même pas encore été fixée, certains le voyaient déjà lauréat du prestigieux Mercury Prize. Un mois plus tard pourtant, l’emballement se dégonflait déjà. A la surprise générale, alors que le décompte du BBC Sound of se clôturait, Kwabs ne terminait même pas à l’une des cinq premières places… Marri, le label Atlantic, qui espérait probablement pouvoir profiter de l’exposition médiatique liée au sondage pour le lancement de son poulain.

Plus embêtant, l’album annoncé pour le début du printemps, fut plusieurs fois reporté au cours des semaines qui suivirent. Kwabs l’avait pourtant assuré: toutes les chansons étaient là, « il ne reste plus que des choix de production à trancher ». Quel était alors le problème? Après avoir démarré en trombes, Kwabs allait-il faire partie de ces projets morts-nés, aussi vite loués qu’essorés par le buzz?…

Crise d’identité

Alors que l’on ne l’attendait plus, Love + War a pourtant fini par arriver, lâché au beau milieu de l’hystérie de la rentrée. Il confirme en partie la direction électro-soul sensible, tracée sur les premiers morceaux -ceux qui ont pu faire dire à certains que l’on tenait là un nouveau « Seal ». Kwabs réussit néanmoins à ne pas donner l’impression que le chemin est déjà parfaitement balisé. Malgré la production solide et les moyens conséquents mis en place, il parvient notamment à faire passer une certaine fragilité. C’est ce qui convainc le plus dans ce Love + War: sous le sucre et le miel, le doute et la faille ne sont jamais très loin. « Quelle a été la plus grosse difficulté jusqu’ici?« , demandait-on l’an dernier à Kwabs. « Etre indépendant. J’ai quitté la maison à l’âge de 16 ans. Pendant des années, j’ai dû émarger à l’assistance sociale, passant d’un squat à l’autre. J’ai dû me trouver, savoir qui j’étais. Quand vous grandissez, c’est le plus grand obstacle auquel vous pouvez faire face: ne pas savoir qui vous êtes. Aujourd’hui encore, c’est mon objectif principal: creuser mon identité, savoir sur quelles bases m’appuyer, peu importe ce qui se met en travers de ma route. » Avec Love + War, Kwabs n’a peut-être pas encore trouvé toutes les réponses. Mais les indices qu’il donne sont des plus prometteurs.

EN CONCERT LE 05/11, AU VOORUIT, GAND.

LAURENT HOEBRECHTS

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