Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Adepte d’un rap positif, le Marseillais trône en tête des hit-parades. Avec son nouvel album La Colombe, il s’apprête même à remplir Forest National.

Soprano n’en revient toujours pas. Quelques heures auparavant, dans les couloirs d’une radio bruxelloise, il a pu croiser Afrika Bambaataa, pionnier de la culture hip hop. « J’étais en folie! C’est à cause de personnes comme lui que je suis là. Mon concept, cela a toujours été Love, Peace, Fun & Unity! » En effet. Dans la famille rap français, Soprano a appris à combiner crédibilité et discours positif. Popularité aussi: que ce soit avec son groupe les Psy4 de la Rime ou en solo, Soprano cartonne, rivalisant dans les ventes avec les cadors de la variét’ française. Un exemple? Son premier album solo, Puisqu’il faut vivre, sorti en 2007, a été certifié platine (plus de 250 000 albums vendus). Arrivé début du mois, La Colombe est bien parti pour suivre le même chemin. Après avoir vendu 30 000 exemplaires une semaine seulement après sa sortie, le 2e album solo de Soprano occupe toujours la première place des hit-parades. En Belgique aussi, le rappeur marseillais suscite l’adhésion: en avril prochain, il faudra bien Forest National pour accueillir tous les amateurs.

Retour au bled

D’aucuns lui reprocheront d’avoir mis pas mal d’eau dans son vin, et de chant dans son rap, pour faire accepter sa musique au plus grand nombre. Avec son sourire permanent et son accent chantant du sud, il assume: « Je tiens à rester accessible, à ne pas perdre les gens. En même temps, je ne me force pas: cela fait partie de ma nature. C’est aussi comme cela que j’ai appris à apprécier le rap: en écoutant aussi bien les morceaux love de LL Cool J que les titres plus politisés de Public Enemy, les sorties ghetto du Wu Tang comme la poésie de Nas. Le rap a toujours été une musique libre et ouverte, là où les autres sont bien souvent fermées. »La Colombe illustre parfaitement ce postulat. Premier volet de ce qui était censé se présenter au départ comme un double album, le disque incarne le côté positif de Soprano, Le Corbeau devant exposer sa facette la plus extravagante. Au final, le résultat n’est pas aussi tranché que ça.  » C’est vrai. Il y a aussi des morceaux plus festifs, comme Darwa. C’est pour mes collègues qui me disent souvent: ‘si tu veux faire passer un message, envoie un SMS’ (rires) ». Peu importe, l’essentiel est ailleurs: par exemple dans la capacité de Soprano à fédérer, tout en glissant l’une ou l’autre piste à creuser pour les plus attentifs.  » Dans Crazy , je parle quand même de génération défoncée. L’autre jour, des jeunes sont venus me demander qui était Massoud que j’évoque dans le morceau Hiro. Je les renvoie vers Google et je leur explique que quand il est arrivé en France, c’est Karl Zéro qui l’a accueilli, et pas notre président. » Sur La Colombe, Soprano se fend aussi d’un morceau avec le duo malien Amadou & Mariam. Une démarche significative pour ce fils d’immigrés comoriens, au moment aussi où l’on fête le cinquantenaire des indépendances africaines.  » J’ai joué au Mali à cette occasion. Mais j’ai l’impression que tout cela est resté inaperçu, aussi bien là-bas qu’ici. C’est comme si on avait tout misé sur la Coupe du monde. Peut-être que la vraie fête s’est déroulée là-bas. Enfin, pas pour l’équipe de France en tout cas (rires)…  » Cette année, les parents de Said M’Roumbaba, son vrai nom, sont retournés « au bled » de manière définitive.  » J’ai la chance de bien gagner ma vie et de pouvoir aller les voir régulièrement. C’est dur, c’est sûr, mais bon… Le truc, c’est que je suis né ici. Je suis Français! » Eternel sourire espiègle à l’appui.

u Soprano, La Colombe, distribué par EMI.

u En concert le 08/04 à Forest National.

Laurent Hoebrechts

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