VINCENT LANNOO A TRAVERSÉ L’ATLANTIQUE POUR Y TOURNER LITTLE GLORY. UNE EXPÉRIENCE INTÉRESSANTE POUR LE PLUS INCLASSABLE DES JEUNES RÉALISATEURS BELGES.

Ses films à tout petit budget mais à grandes idées ont acquis un statut « culte », que ce soit Strass ou Vampires. Le jeune cinéaste bruxellois, pour qui le néologisme « mockumentary » (1) semble avoir été inventé, est toujours là où on l’attend le moins. Voici qu’il vient de se la jouer Tintin en Amérique, signant outre-Atlantique un drame intimiste et générationnel joliment titré Little Glory. Une expérience rare pour un réalisateur belge n’ayant encore récolté ni gros succès commercial ni nomination aux Oscars…

Une fois de plus, vous surgissez avec un film inattendu!

J’ai toujours aspiré à une grande liberté dans la diversité. Et ce n’est pas fini! Pour Little Glory, j’ai en fait renoué avec l’esprit de mon film de fin d’étude, qui travaillait déjà le sentiment, l’émotion. Un film qui parlait déjà d’un orphelin, un petit garçon qui enterrait son père. J’ai moi-même perdu mon père à 9 ans… Et c’est une part de moi que j’ai envie d’explorer, sérieusement, sans décalage ni provocation. Alors quand le scénariste François Verjans m’a « pitché » son projet, j’ai été très touché. J’en ai parlé au producteur John Engel, avec lequel je partageais une envie de faire un film en anglais, aux Etats-Unis. On s’est dit, aussi, que ce serait intéressant de situer cette histoire qui prend place dans un contexte social assez rude non pas comme d’habitude en Belgique mais en Amérique…

Tourner là-bas a dû être une expérience très différente…

On a tourné au fin fond du Canada, dans le Saskatchewan. Il y a peu d’endroits aussi perdus dans le monde! Tourner avec une équipe américaine fut à la fois très excitant, j’avais un assistant qui l’avait été sur The Thin Red Line, et très particulier. Tout est très syndicalisé. Je ne pouvais par exemple toucher à rien, car chacun son rôle! Je ne pouvais pas non plus parler aux figurants, et encore moins leur demander de dire le moindre mot. Car un figurant qui parle devient un acteur et le cachet n’est plus le même… Il me fallait en permanence passer par l’assistant. Moi qui ai l’habitude de travailler en toute petite équipe, et de toucher à tout!

Comment tous ces Américains du Nord regardaient-ils ce Belge de réalisateur?

Ils m’ont d’abord pris pour un extraterrestre, juste parce que j’avais un comportement plus humain que ce à quoi ils sont habitués! Et puis, au fil du tournage, s’est installé chez eux le sentiment qu’ils faisaient un film d’auteur, avec une vision européenne. Et ça les motivait, ça les impliquait. Ils acceptaient même parfois de travailler au-delà de l’heure où tout doit normalement s’arrêter net selon les règles en vigueur.

Qu’avez-vous appris de cette expérience américaine?

Il était temps pour moi de montrer que je suis capable de faire des images dans un film, des images plus classiques. J’ai voulu aller vers le classicisme, le scope, à rebours de ce que j’avais fait précédemment. Ce fut une belle école! A beaucoup de points de vue, à commencer par une manière différente de faire l’image, en préparant chaque plan en amont, moi qui d’ordinaire conserve toujours une part d’improvisation. J’ai aussi appris à savoir gérer une petite star.

Cameron Bright, votre acteur principal, avait en effet déjà l’expérience de plusieurs grosses productions hollywoodiennes…

J’ai flashé sur lui. Je l’avais vu, tout gamin, dans Birth avec Nicole Kidman, puis je l’avais revu dans le troisième X-Men. Je n’avais pas vu Twilight mais en être a encore augmenté son aura. Même les gens qui ont fait le café sur cette saga voient leur carrière décoller ( rire)… Cameron fait du cinéma depuis l’âge de 8 ans. Il fait vivre sa famille depuis l’âge de 8 ans! C’est un jeune homme blessé, avec une histoire familiale compliquée. Il te donne tout, il met ses tripes sur la table.

Aviez-vous, pour Little Glory, des films américains en référence?

Il y avait The Straight Story de David Lynch. Et aussi Gus Van Sant.

Quel sera votre prochain film?

Je l’ai déjà tourné, dans le plus grand secret. Il s’appelle Au nom du fils. C’est un film sur la foi, l’histoire d’une femme dont le mari est mort et dont le fils s’est suicidé après avoir eu une relation avec le prêtre qu’elle hébergeait. Une femme qui décide alors d’éliminer les curés pédophiles… Je crois que ça va être une bombe! l

(1) L’APPELLATION DÉSORMAIS CONSACRÉE DES FAUX DOCUMENTAIRES À RÉSONANCE PARODIQUE OU SATIRIQUE.

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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