SI LA TECHNO RESTE LE PRINCIPAL PRODUIT D’EXPORTATION MUSICAL ALLEMAND, DES PROPOSITIONS PLUS POP COMMENCENT À POINTER. EXEMPLE AVEC MILKY CHANCE ET SON MINI-HIT STOLEN DANCE, REGGAE RAPLAPLA DÉCALÉ.

C’était quand le dernier tube pop made in Germany? Pas évident… Trente ans après le 99 Luftballons de Nena, on tient peut-être l’ovni allemand susceptible de titiller les hit-parades. Le Stolen Dance de Milky Chance est le genre de reggae bancal, pop laidback et un peu bougonne, qui pourrait passer inaperçue sans ce petit twist qui accroche l’oreille, et qui tient en bonne partie à la voix éraillée et traînante du chanteur. En Allemagne en tout cas, la recette a fonctionné. Ce qui n’était au départ qu’un morceau diffusé sur le Net est devenu un hit. Tout juste sortis de l’école, Clemens Rehbein (voix, guitare) et Philipp Dausch (programmations) n’y croyaient pas forcément. « Pas vraiment, non, explique Rehbein. A vrai dire, nous avions acheté un vieux combi VW pour partir faire un tour d’Europe pendant plusieurs mois. On était sur le point de démarrer. Finalement, on a revendu la camionnette pour financer le disque… »

Rehbein et Dausch viennent tous les deux de Kassel, dans le centre du pays. Ils se sont rencontrés à l’école, orientation musique. « Au lieu de « périodes » de sport supplémentaires, on pouvait prendre jusqu’à six heures de musique, plus tous les projets parallèles« , explique Dausch. Ados, l’un et l’autre se retrouvent autour de l’icône Bob Marley, ce qui n’empêche pas leurs premiers groupes de se frotter au jazz ou à des reprises de Ray Charles…

Et la musique électronique? « On a grandi avec ça« , explique Rehbein. Leur musique reste cependant à des années-lumière de la techno, encore et toujours l’un des principaux produits d’exportation allemands. C’est peut-être dû en partie au fait que Milky Chance ne vient pas de la métropole berlinoise. « Kassel est une petite ville, assez tranquille, avec pas mal d’espaces verts, un château, etc. C’est très calme. Certains diraient même ennuyeux… » Pendant la Seconde Guerre mondiale, le centre de la cité a été quasi entièrement rasé par les bombardements des Alliés (plus de 10 000 personnes ont été tuées au cours de ces opérations). « Une partie de la ville a été conservée telle quelle« , explique Dausch, qui avoue ne pas vouloir s’attarder sur l’Histoire. « Elle est évidemment importante, mais elle n’est plus un poids ou une culpabilité comme elle a pu l’être pour nos parents… »

Siège de la documenta (la grande manifestation d’art contemporain s’y déroule tous les cinq ans), Kassel est également l’endroit où les frères Grimm ont écrit la plupart de leurs contes. D’où le morceau Fairytale, autre reggae aussi ouateux que décharné, présent sur Sadnecessary, l’album de Milky Chance? Rehbein: « On n’y a jamais pensé! Mais non, à la base, c’est juste une bonne métaphore pour évoquer tous ces phénomènes qui ne sont pas forcément visibles, quantifiables, mais qui existent. Les émotions, la spiritualité… ou la musique, tout simplement. On veut croire que l’art est là pour permettre aux gens de sortir de ce regard rationnel, et les aider à capter les choses que la rationalité ne permet pas toujours de voir. »

– MILKY CHANCE, SADNECESSARY, DISTRIBUÉ PAR PIAS.

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– EN CONCERT AUX PIAS NITES, LE 14/03, BRUXELLES.

L.H.

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