Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

LE DUO ÉLECTRO EST DE RETOUR AVEC LE TOUJOURS-CASSE-GUEULE-3E-ALBUM. LE RÉSULTAT S’INTITULE MORE, DISQUE PLUS MÉLODIQUE ET MAÎTRISÉ.

„Avec des amis, on discutait tatouage, explique Charlotte. Si je devais en porter un, j’imaginais simplement me faire tatouer le mot « More ». Parce que j’ai toujours envie de plus, de me mettre en danger, d’aller plus loin. Quand on a dû trouver un titre pour le nouvel album, on y a repensé; ça semblait parfaitement convenir. » More donc, pour le 3e album d’une discographie débutée en 2004. Déjà? Déjà. C’était en pleine vague électroclash, le single I Don’t Want to Have Sex With You en étendard. Restait à survivre à l’effet de mode. C’est le plus gros mérite de Soldout et de ce nouvel album en particulier: avoir tracé sa route, sans trop se laisser distraire. Elle, Charlotte Maison, longue tige sexy à lunettes, derrière le micro. Lui, David Baboulis, tignasse poivre sel et regard de gamin rêveur, derrière les machines. « Ce qu’il fait, je ne pourrais pas le faire. Et inversement. » Le duo à la scène l’est aussi à la ville. Ce qui facilite les choses? Les deux répondent en choeur par la négative. Charlotte: « On se prend moins la tête sur la musique en elle-même que sur les méthodes de travail qui sont opposées. David a une patience de dingue. Moi, j’ai besoin que ça aille vite. Si j’ai une idée, j’ai envie de pouvoir directement l’enregistrer. » David: « Donc elle débarque chez moi qui suis généralement dans ma bulle. Il faut tout caler tout de suite. Sauf que ça part en couilles parce qu’évidemment, la machine ne fonctionne pas à ce moment-là (rires). »

Coach

L’accouchement du précédent Cuts (2008) s’était passé dans la douleur (entre doutes, secousses familiales et ennuis de santé). Celui de More fut encore plus long -cinq ans tout de même- mais semble s’être déroulé de manière plus sereine. Plus mélodique, l’album paraît aussi plus décomplexé. David: « Chacun a laissé l’autre s’exprimer avec un maximum de libertés. Du coup, on a pu gratter plus profond. » Histoire de casser les habitudes, le tandem commence par se tailler trois semaines à Berlin, en septembre 2011. Charlotte: « On avait besoin de recul. Berlin, c’est pas cher, aéré, il y a une vraie zénitude. »

Ce qui n’empêche pas les tergiversations de la création, les doutes qui pointent régulièrement leur nez. A un moment, le duo cherche bien un directeur artistique pour canaliser les débats. Deux « guides » extérieurs suffiront. Il y a d’abord la réalisatrice Delphine Lehericey, pour qui ils ont réalisé la musique de Puppy Love, son dernier long métrage. « Le fait de travailler sur une bande originale nous a pas mal libérés« , raconte David. « En termes d’interprétation aussi, poursuit Charlotte, en m’aidant pour les voix. Avec des conseils du genre: chante comme si tu étais une Japonaise qui venait d’apprendre qu’elle avait gagné un voyage à Paris! » (rires). L’autre coach, c’est Richard 23, de Front 242. « On avait eu l’occasion de faire la première partie d’une de leurs tournées en Allemagne, il y a trois ans. On s’est directement trouvés. Ils étaient vraiment adorables. Ils font un peu office de grands frères. » David: »On habite Forest comme Richard. Donc régulièrement, on se voyait, il passait manger un bout à la maison et on lui faisait écouter des trucs; lui nous prêtait des vinyles, nous racontait plein d’histoires et d’anecdotes. On n’a rien demandé, cela s’est fait super naturellement. » Soldout, comme héritiers pop de la révolution EBM de Front: l’hypothèse n’est peut-être pas si incongrue que ça…

SOLDOUT, MORE, FLATCAT RECORDINGS. EN CONCERT E.A., LE 8/05, AUX NUITS BOTANIQUE.

LAURENT HOEBRECHTS

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