Shanghai Chagrin

 » Depuis la mort de mon père, je ne supporte plus la voix qui parle dans ma gorge. Je prends conseil autour de moi. On me suggère d’aller en Chine. » Ainsi commence le récit et l’errance, on l’aura compris, pas très joyeuse, du jeune Léopold Prudon dans la ville-monde de Shanghai. Une ville qu’il visite et dessine pendant un an, longuement, lentement, dans le détail, des échangeurs autoroutiers aux gratte-ciel omniprésents et immenses, sans rien omettre, et quasiment sans paroles. Si ce n’est parfois des bribes de vie, de pensées personnelles – » Qu’est-ce qu’on vient foutre ici qu’on aurait pas pu faire là-bas?« – et des morceaux de dialogues qui viennent rappeler ce père, célèbre et admirable pour ceux qui l’ont lu: Hervé Prudon, mort en 2017, eut une vaste vie littéraire, construite autour de romans noirs et de romans policiers (il faut relire Nadine Mouque) mais aussi de poèmes, comme celui qui clôt ce bouleversant album hors norme, et qui lui-même fait suite à d’autres citations (Edmond Jabès, Guillaume Apollinaire, Francis Jammes), toutes sur le deuil. Un récit impressionniste, impressionnant et cathartique où se mêlent la découverte et la béance, Shanghai et le chagrin. Remarquable à défaut d’être riant.

Shanghai Chagrin

De Léopold Prudon, Éditions L’Association, 144 pages.

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