Secrets

 » Je suis devant le judas et j’attends. Non, je n’attends pas, j’observe, seulement, la porte est fermée. » Le narrateur et ses cousins (Carl, Nora et Paulina) passent l’été ensemble à explorer les alentours, mais ils butent sur un puzzle familial inextricable. Face aux quolibets que déclenchent leurs yeux étranges, l’un d’eux répond aux assaillants qu’ils les tiennent d’une grand-mère italienne et soprano. Il n’en faut guère plus pour que la machine imaginative des quatre lascars s’emballe, car tous brûlent de connaître la vérité sur leurs aïeuls, au sujet desquels leurs parents restent suspicieusement évasifs. Pourquoi ont-ils coupé tout lien avec leur grand-père? Qui est cette vieille qui semble le retenir loin de sa famille? Qu’est devenue leur grand-mère? Entre occultation d’un passé sous le Troisième Reich et narrations enchâssées, Marcel Beyer joue le jeu de l’espionnage à plusieurs étages (celui, politique, du grand-père; celui, familial et obsessionnel, du narrateur; celui, paranoïaque de cette mystérieuse seconde femme), semant le doute, confisquant des pans de mémoire pour en faire germer d’autres, tout aussi troubles, disséminant des spores d’information. Après l’étonnant Voix de la nuit, voici de la part de l’auteur allemand une autre réflexion aboutie sur l’Histoire quand elle s’empare de l’intime.

De Marcel Beyer, éditions Métailié, traduit de l’allemand par Cécile Wajsbrot, 280 pages.

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