Nurten Aka
Nurten Aka Journaliste scènes

Il a suffi de quelques lignes de Guy Duplat dans La Libre Belgique pour mettre le feu aux poudres et entraîner la révolte de tout le secteur théâtral. Le journaliste annonçait des réductions budgétaires dans « l’aide aux projets théâtraux », une enveloppe annuelle de 1 260 000 euros en 2012, non indexée depuis… douze ans. Le CAPT (Conseil d’aide aux projets théâtraux), un « conseil d’avis » de la Ministre de la Culture, Fadila Laanan, soutient, avec cette somme, une quarantaine de projets d’artistes « free-lance » ou intermittents, par an. Sans ce « carburant », les portes des théâtres leurs sont pratiquement closes. Or le CAPT a développé le jeune théâtre francophone, dont Le Signal du Promeneur, actuellement à l’affiche du Théâtre de la Bastille/Paris. Ou encore Anne-Cécile Vandalem, Selma Alaoui, Myriam Saduis, Antoine Laubin, Françoise Bloch, Christophe Sermet, dont les spectacles développent l’emploi. Dans ce secteur non-indexé, la Ministre veut réduire les subventions 2013 à 700 000 euros (soit une coupe de 45 %), puisque ces aides sont « facultatives ». Un vrai travail de fonctionnaire-comptable qui a zappé les individus et la création derrière les chiffres. Vite soutenu par le « milieu élargi », un mouvement, « Conseil Dead », s’est improvisé: pétitions, manifestation, page Facebook, fédérant la danse et musiques non-classiques, elles aussi « rabotées », refusant le compromis boîteux de la Ministre (ajustant les subventions du CAPT à 1 130 000 et rejetant les économies de 430 000 sur d’autres secteurs des arts de la scène). Conseil Dead a poursuivi sa pression, en débarquant lundi 26 chez Rudy Demotte, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont le budget 2013 impose le principe de « sélectivité dans les dépenses non-obligatoires ».

Fadila Laanan s’est repliée derrière deux conseils d’avis. Outre le CAPT, chargé des aides ponctuelles, le Conseil d’Art Dramatique (CAD) examine des conventions (ex: la Cie Utopia, Transquinquennal, etc.) ou des contrats-programmes (Théâtre National, Balsamine, Groupov, etc.). A eux, dit-elle, de trouver des pistes d’économies. Prise d’otage? Si le CAPT et le CAD ne trouvent aucune solution, on souffle en coulisses qu’on pourrait en venir à « réduire les conventions de ceux qui ont soutenu la pétition Conseil Dead ». D’autres bombes en puissance s’annoncent avec la mise à plat des futures conventions (2013) et des prochains contrats-programmes en 2014. La crise des « arts de la scène » fera oublier les bonnes politiques culturelles menées par Fadila Laanan depuis 2004… Dommage.

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