Sans Chichi

En 2019, une romancière plasticienne rejoint la campagne en voiture pour une résidence d’écriture à l’Usine, l’un de ces  » lieux à vocation artistique [qui] ont émergé du bâti industriel délaissé« . Sur place, elle apprend la nouvelle de la mort de Jacques Chirac. Si cette personnalité ne jouissait pas d’une popularité immense en sa famille, ni à ses propres yeux, elle se souvient que, pour elle comme pour l’ensemble des  » CE2 de 1995« , le bonhomme constituait  » une des toutes premières et vagues notions de chef d’État » . Mêlant ainsi coupures de presse d’époque et souvenirs plus incarnés du décès de son propre grand-père, garde-champêtre facétieux disparu six ans plus tôt, elle dispose désormais d’une abondante matière pour s’exprimer, souvent avec une évidente justesse -par-delà les fioritures conceptuelles de son objet-texte (bombardement de hashtags plus ou moins pertinents, surexploitation d’un effet Mistral Gagnant consistant à aligner les marques et slogans publicitaires de son enfance pour attirer ses lecteurs dans une gangue mélancolique et régressive). Si la mythification poétisée du statut d’auteur-performeur, propre à ce type de texte, fatigue parfois, les passages plus personnels atteignent systématiquement leur cible, donnant à l’ensemble une très bonne tenue malgré quelques tics convenus.

D’Elsa Escaffre, éditions Christian Bourgois, 186 pages.

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