Saltimbanques

Pour son premier roman, François Pieretti évolue sur une piste éminemment sensible: celle de Nathan, pas encore trentenaire, qui déserta dès sa majorité le Sud-Ouest familial et un père pénible à destination de Paris. Grand frère parti sans but réel, arrivé un peu nulle part, il n’avait dès lors plus pris de nouvelles de son cadet de dix ans, classé sans suite au rayon des souvenirs jusqu’à la mort brutale dudit gamin. De retour au fief familial, il s’apercevra qu’il ne sait rien de cet  » illuminé » Gabriel. En décidant de poser ses valises en ce monde qu’il croyait derrière lui, Nathan se lance sur les traces de ce jeune homme qu’il avait quitté marmot, et qui s’est ensuite incorporé à une troupe de baladins acrobates ou cracheurs de feu -les  » Enfants perdus« -, confronté sans soutien fraternel aux vertiges de l’amour comme aux morsures de la drogue. En décrivant cette troupe de « petits êtres cabossés » par la disparition d’un complice ou d’un inconnu frangin, le roman colle ses lecteurs aux basques d’un type un peu couillon mais soucieux de bien faire (un peu tard), qui perd rapidement toutes ses fragiles certitudes pour s’accepter enfin convalescent, tremblant -en quête d’un brasero propice à lui réchauffer le palpitant. À des lieues de l’esbroufe comme du cynisme, François Pieretti tâtonne avec élégance, sans juger.

de François Pieretti, ÉDITIONS Viviane Hamy, 232 pages.

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