Le Robin Hood de Ridley Scott et Russell Crowe imagine ce qui s’est passé avant que le héros se réfugie dans la forêt de Sherwood et prenne sa dimension de hors-la-loi romantique.

Le duo gagnant de Gladiator a encore frappé! Dix ans après avoir réveillé le genre quelque peu endormi du péplum, Ridley Scott et Russell Crowe investissent celui du film d’action et d’aventures médiévales, tout en ressuscitant le personnage ô combien populaire de Robin des Bois. La méthode est la même, qui trace le destin d’un héros dans le cadre soigneusement reconstitué d’un passé historique par ailleurs très librement adapté (voire déformé) aux besoins du récit. L’angle particulier étant, cette fois, d’évoquer « ce qui précède la légende ». Le film de Scott s’arrête donc là où la plupart des autres commençaient. Son point de départ, le retour de croisade de Richard C£ur de Lion et de ses troupes, au sein desquelles combat un archer du nom de Robin Longstride. Une bataille spectaculaire ouvre Robin Hood et présente le personnage tout comme c’était le cas dans Gladiator. Cet assaut d’une forteresse française, promise au pillage et à la destruction sur le chemin du retour au pays, permet de surcroît la démystification du roi Richard, si souvent idéalisé à l’écran et dont Danny Huston offre une interprétation tout à la fois mémorable et très éloignée des conventions. Le scénario (de Brian Helgeland, auteur récemment du script de Green Zone) fait rapidement mourir le souverain, et entoure Robin de quelques compagnons qui font route avec lui vers Nottingham. C’est de là que notre héros, sous l’identité d’emprunt d’un noble local décédé durant la guerre, trouvera tout à la fois une épouse (Cate Blanchett, comme toujours épatante), un père d’adoption (Max von Sydow), et un engagement pour la justice dans un pays dont le nouveau roi, Jean, manifeste à peu près autant d’équilibre et de rectitude que pouvait en avoir le Commode de Gladiator

Héros à capuche

La réalisation de Ridley Scott adopte un mode réaliste, pimente (mais point trop) d’humour une action trépidante, allant de rebondissement en rebondissement, d’une trahison et d’une forfaiture à l’autre, en passant par une invasion française filmée à la manière du débarquement en Normandie au début du Saving Private Ryan de Spielberg. On peut préférer, dans la saga de Robin des Bois, la partie que le film n’évoque pas, celle du hors-la-loi luttant depuis sa forêt contre l’injustice du pouvoir au milieu de joyeux complices et avec un flamboyant élan. Mais le film de Scott n’en est pas moins plaisant et animé à souhait. Russel Crowe confirmant sans effort apparent sa stature d’interprète héroïque idéalement crédible, par-delà les époques, les costumes et les armes. Avec lui, finis les collants qui n’empêchaient pas Errol Flynn de briller dans les années 30. Finis aussi la bondissante frénésie, les sourires éclatants, que Flynn eut en commun avec son prédécesseur dans le rôle, Douglas Fairbanks (dans le film d’Alan Dwan en 1922). Le seul point commun des nombreux avatars de Robin étant en définitive la capuche dont il use sporadiquement pour se couvrir la tête et dissimuler ses traits, comme un vulgaire délinquant juvénile d’aujourd’hui… C’est, soit-dit en passant, cette capuche (« hood ») qui définit le surnom du héros, et non pas ces bois (« woods » en anglais) qui ont erronément mais assez joliment inspiré sa dénomination française! l

Robin Hood De Ridley Scott.

Avec Russell Crowe, Cate Blanchett, Max von Sydow. 2 h 10. Sortie: 12/05.

Texte Louis Danvers

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