SUPERBE DE SOBRE JUSTESSE DANS LE FILM DES DARDENNE, CÉCILE DE FRANCE A VU « LE NATUREL REVENIR AU GALOP  » DANS UNE EXPÉRIENCE QUI LA MARQUERA.

Le meilleur des 2 mondes. Cécile de France est passée de la caméra de Clint Eastwood, maître du cinéma classique américain, à celle des frères Dardenne, maîtres non moins reconnus du réalisme à l’européenne. Un bonheur ne vient donc jamais seul. Et l’actrice belge la plus reconnue internationalement savoure ce passage de Hollywood à Seraing…

Que représentait pour vous le fait de travailler avec les Dardenne?

Ayant vu tous leurs films, étant une grande admiratrice (mon film préféré est Le Fils), et étant par ailleurs une fan d’Alan Clarke ( le réalisateur de Made in Britain , ndlr) auquel le sujet me faisait penser, j’ai été comblée par leur proposition. Je ne pensais jamais recevoir cet appel de leur part. C’était inaccessible pour moi, qu’on pouvait voir comme ayant basculé dans le star-system français…

Passer de Clint Eastwood aux Dardenne, est-ce vraiment un si grand écart?

Sur le plan des méthodes de travail, assurément. Les Dardenne font plein de prises du même plan, en cherchant constamment. Clint Eastwood ne fait généralement qu’une prise. Il arrive même qu’il filme la répétition et se déclare satisfait! Mais il fait régner une atmosphère très intime sur le tournage, on ne se sent jamais dans une grosse machinerie. Et sur le plan artistique, l’un comme les autres sont des maîtres incontestables. Et des humanistes!

Tourner Le Gamin au vélo fut-il comme un retour aux sources?

Oui, et cela m’a fait très plaisir. Je me suis retrouvée immergée dans cette réalité belge, moi qui vit depuis 15 ans à Paris. Le stage de coiffure pour préparer le rôle, les répétitions, le fait de devoir oublier mon accent « parisien », ont fait revenir le naturel au galop!

Vous disiez que les Dardenne cherchent constamment?

Oui, ce sont des chercheurs. Et ils osent montrer qu’ils ne savent pas, des fois. C’est rare! En France, quand un réalisateur ne sait pas, il va demander qu’on installe une grue par exemple, afin d’avoir du temps pour réfléchir. Les frères, non. Il y avait des moments, avec eux, où leurs doutes étaient perceptibles, où ils s’interrogeaient pour être sûrs, devant Thomas et moi. C’était assez bouleversant de voir que des gens comme eux, des maîtres absolus, puissent être dans le doute, et l’avouer. Etre humains, quoi…

Votre personnage ne donne aucune justification, aucune explication, à ce qu’elle fait pour le gamin, Cyril…

Il m’a fallu accepter ça, oui. De ne pas poser de question. De ne pas donner à Samantha quelque intention que ce soit vis-à-vis de Cyril. Quand elle lui ramène son vélo et lui dit au revoir, les frères m’ont bien dit que c’était un vrai au revoir, que tout devait s’arrêter là, pour Samantha. Ce n’est pas suite à quelque motivation personnelle qu’elle acceptera de le revoir, de s’occuper de lui, de se mettre à son service, en fait. Peut-être est-elle happée parce qu’elle ressent en elle quelque chose de maternel. Mais dans le film, elle prend le rôle d’une mère… et aussi du père.

RENCONTRE LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content