Retour à l’âge de pierre – Avortement: les croisés contre-attaquent

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C’est une histoire qui fait froid dans le dos. Celle d’une régression européenne encore il y a peu impensable. Conquis de dure lutte à la fin du siècle dernier, le droit à l’avortement est aujourd’hui malmené aux quatre coins de la planète. Le résultat d’une croisade menée sur le vieux continent au nom des valeurs chrétiennes. En Italie, où l’interruption volontaire de grossesse est tout ce qu’il y a de plus légal, l’Église est si puissante qu’elle a fait nommer des catholiques à la tête d’un tas de maternités publiques. Le personnel peut refuser les avortements pour des raisons de conscience (comme chez nous) et propose des rendez-vous six mois plus tard aux femmes enceintes qui ne veulent pas le rester… Effarant. Comme le destin tragique de cette jeune fille dont la vie est passée après celle de ses foetus contre l’avis de la famille (12 médecins ont été mis en examen pour homicide involontaire). Ou encore ce chiffre de 120 000 foetus enterrés depuis 1999, souvent sans que la mère soit au courant. Une tombe à leur nom rappelant qu’elles ont un jour avorté… Bienvenue dans l’âge de pierre et de la culpabilisation des femmes à grande échelle. De la Pologne au Portugal, de l’Espagne à la Hongrie, Alexandra Jousset et Andrea Rawlins-Gaston dressent un état des lieux glaçant. En 2018, en Europe, les anti avortements courtisent les oligarques russes. Les Américains investissent dans l’ombre pour faire basculer l’opinion publique et la législation. Tout ça dans un climat malsain où la religion pèse de tout son poids. Les deux réalisatrices enquêtent, mettent en lumière les manoeuvres des pro-vie, ces anti choix. Confrontent certains hommes d’influence à leurs mensonges et suivent d’effrayants lobbyistes aux pratiques plus que douteuses. En France, la jeune garde réac et décomplexée est incarnée par Émile Duport. Chef de file du mouvement Les Survivants et de la génération anti IVG, Duport est un roi de la com et de la récup. L’an dernier, pour une campagne d’affichage sauvage, les Survivants sous-titraient des photos d’embryon avec les noms d’Einstein, Gandhi, Bob Marley barrés du slogan Interruption volontaire de génie… Le bonhomme n’a peur de rien. Certainement pas de détourner des slogans féministes au profit de son effrayante cause. Un documentaire nécessaire pour saisir l’ampleur du problème et vous pousser à descendre dans la rue avant qu’il ne soit trop tard.

Documentaire d’Alexandra Jousset et Andrea Rawlins-Gaston.

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