Requiem pour une République

L’Algérie est à la France ce que le Congo est à la Belgique: une ancienne colonie qui hante toujours son Histoire, dont les plaies complexes restent ouvertes, mais dans lesquelles les écrivains osent s’aventurer bien plus souvent que les politiques. L’indépendance de l’Algérie et ses conséquences ont ainsi nourri ces derniers mois de nombreux romans, de La guerre est une ruse de Frédéric Paulin, à 1994 de Adlène Meddi. Thomas Cantaloube, grand reporter chez Mediapart, a choisi lui de revenir en France et aux origines du chaos pour en faire le décor de son premier polar. Soit les années 1959-1961, quand la guerre fait rage, que l’OAS se crée, que les attentats se multiplient et que la France perd ses repères. Un bourbier qui mêle faits historiques, assassinats politiques, barbouzes, cabinets noirs, extrême-droite, flics véreux, gangsters… Et surtout trois personnages diamétralement opposés -un tueur homosexuel, un jeune flic naïf et un truand corse- amenés à se croiser, se confronter et parfois collaborer, dans une République effectivement en pleine déliquescence… Une fresque franco-algérienne aux relents de L.A. Confidential digne d’Ellroy, ce n’est pas rien pour un premier roman qui en possède certains des défauts (trop de mots, trop d’effets) mais toutes les qualités (l’ambition et le souffle).

de Thomas Cantaloube, Éditions Série Noire/Gallimard, 540 pages.

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