Radiations et révolution

Vous vous souvenez de Fukushima? Dans la litanie des désastres ayant frappé le monde depuis le début du XXIe siècle, c’est toujours le dernier qui a raison et fait oublier les précédents. Pourtant, le tsunami qui a dévasté la côte de la région de Tôhoku, au Japon, le 11 mars 2011, continue à déployer ses conséquences sur les terres qui l’entourent, les hommes qui les fréquentent et les eaux qui s’en écoulent. Fukushima n’est pas fini: la catastrophe nucléaire de 2011 participe d’un temps qui excède les sauts de puce de l’excitation médiatique. C’est bien pour ça que la traduction française du livre sauvage et un peu fou du journaliste, traducteur et militant Sabu Kohso tombe à point nommé: parce qu’il prend au sérieux ce temps pour penser ce que Fukushima a vraiment fait au Japon, aux Japonais, aux océans, à tous les habitants d’une terre où l’événement joue le rôle de symptôme. De quoi? Du régime de la radiation qui est devenu notre condition. Car, comme ces mêmes radiations, nucléaires, nées des fantasmes capitalistes de l’après-guerre, les vivants qui tentent de sauver la possibilité de la vie au milieu du cataclysme sont condamnés à irradier -à se transformer en noyaux atomiques porteurs d’un nouveau cataclysme, plus positif. Nous sommes paralysés par les explosions qui détruisent la Terre? Alors, il faut devenir soi-même une explosion pour pouvoir un jour espérer la sauver.

De Sabu Kohso, éditions Divergences, traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Blouin, 260 pages.

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