Quatre-vingt-dix secondes

8 mai 1902. 7h52. À Saint Pierre, la Montagne Pelée a tué 30 000 personnes en 90 secondes. Narrateur de ce récit, le volcan a ses états d’âme, instables, vagabonds, irascibles. Également animateur de télévision et scénariste de bande dessinée, Daniel Picouly a de bonnes raisons d’être fasciné par le volcan: enfant, son grand-père devait se rendre à Saint-Pierre le 8 mai 1902 mais il a dû se désister -ce qui lui sauva la vie et permit sa descendance. Picouly aime mêler l’Histoire et l’invérifiable. Si dans le livre les scientifiques ou les personnalités politiques relèvent du réel, un couple « mythique », une lavandière forte en gueule ou encore Mona, la grand-mère indienne aux pouvoirs surnaturels, ressortent eux de l’imagination. Puisque la fin de l’histoire est connue, il appartient à l’auteur-embaumeur d’entretenir le suspense autrement, grâce à la théorie du « miracle »: y aura-t-il des survivants? Pourquoi eux? Outre le récit proprement dit, Picouly questionne: pourquoi un tel immobilisme dans la population alors que, depuis des semaines, gronde la montagne? Serait-ce les élections proches qui donneraient la victoire aux Noirs, si les Blancs fuyaient? Dans un style magnifique, d’un baroque incandescent, il déclenche une délicieuse secousse dans cette nature à la fois piégeuse et sournoise.

de Daniel Picouly, Éditions Albin Michel, 265 pages.

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