Pucelle – t. 1: Débutante

Le monde de l’enfance est merveilleux. Remplis d’insouciance, les enfants évoluent dans un univers délesté de toute contrainte, si ce n’est manger la bouche fermée, débarrasser la table… et, chez Florence Dupré la Tour, faire sa prière avant d’aller au lit. Car Florence est née dans une famille très pieuse, où les maîtres-mots sont bonté, pardon et bienveillance. Comme dans toutes les familles bien sûr, certaines discussions ou attitudes des adultes semblent très étranges aux yeux des enfants à qui aucune explication n’est fournie. Car il y a un sujet qui reste tabou. Dans sa précédente bande dessinée, Cruelle, l’autrice nous racontait son rapport de dominant/dominé aux animaux et, par analogie, entre les hommes et les femmes. Dans les nouvelles « aventures de sa jeunesse », elle nous parle de sexualité. Plus précisément de l’ignorance dans laquelle ses parents l’ont laissée pour des raisons de bienséance sans doute, mais surtout de grande gêne. Et ce n’est ni le curé, ni ses copines qui vont l’éclairer: le premier la condamne et les autres en rient grassement. Ce qui fait naître au plus profond de son être une petite boule de colère et d’angoisse.

Pucelle - t. 1: Débutante

Au-delà du sujet, l’autrice aborde la problématique de l’inégalité entre les sexes. La petite fille constate par exemple le massacre par le mâle cochon d’Inde de toute la portée née durant la nuit ou la gueulante poussée par le père à table, exigeant que les enfants terminent leur yaourt visiblement périmé, et surtout le silence maternel qui s’en suit. C’est décidé, Florence ne veut pas devenir une femme et tout changement dans son corps lui fait horreur. Dans son style cash, Pucelle aborde le douloureux passage à l’âge adulte d’une autrice injustement méconnue, dont toutes les bibliothèques dignes de ce nom devraient contenir les livres.

De Florence Dupré la Tour, éditions Dargaud, 184 pages.

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