Pour Luky

Aux Renarts, à Saint-Roch, dans le 38, à part un oiseau une fois, en bas, il ne (se) passe pas grand-chose. « C’est quatre immeubles de quatre étages posés là comme si quelqu’un avait balancé des vieux mouchoirs gris du fond de ses poches, pour s’alléger, pour pouvoir s’enfuir plus vite, tranquille. » Il y a 30 ans, c’était moderne, c’était pour la classe moyenne. Aujourd’hui c’est à la marge. Pour Luky, Abdoul et Diego, c’est une année scolaire comme les autres: l’école, les profs, les filles, le cirque, le vieux qui parle aux étoiles. Ces trois jeunes d’une petite ville de province battent la campagne pour tromper l’ennui. Parce que s’ils ne font pas gaffe, « le malheur pourrait faire ce qu’il veut ». Luky entend des voix, des voix qui s’inventent, qui s’invitent. Pourquoi elles sont là, pourquoi elles l’ont choisi? Il grandit avec. Il dit rien. Ça va. « T’es p’t-être un prophète – conclut Abdoul. » Le lecteur aussi entend des voix. Après Madame Diogène et Sangliers, Aurélien Delsaux tire un coup sec sur la langue de l’adolescence, saisit l’oralité d’une culture qui fait la nique au hors-jeu, au pas de chance, « vous fait juste faire trois pas avec quelques phrases, et pouf! devant vous c’est un nouveau pays, et vous avez envie d’y demeurer un peu ».

D’Aurélien Delsaux, Éditions Noir sur Blanc, 288 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content