Pour l’intersectionnalité

Parfois, quand la bêtise devient trop bavarde ou trop hargneuse, mettre les points sur les « i » tient de la salubrité publique. C’est surtout le cas lorsque ladite bêtise est suscitée par un concept issu d’un nouveau type de recherche, mettant au jour des vérités qu’on aimerait voir rester cachées. Il y a quelques années, il en allait ainsi du « genre », concept dont la « théorie » suscita l’ire des foutriquets de tous bords -sans qu’ils y comprennent quoi que ce soit. Aujourd’hui, celui qui fait grincer des dents est celui d' »intersectionnalité ». Dans un petit ouvrage aussi précieux qu’élégant, qui reprend la substance d’un article universitaire où elles avaient présenté certaines controverses portant sur ce mot, éléonore Lépinard et Sarah Mazouz, toutes deux sociologues, rappellent pourquoi les vitupérations, les râleries et les cris d’orfraie relèvent précisément de ce que la révélation, dans le contexte américain puis européen, de la réalité intersectionnelle cherchait à éclairer. Car qu’est-ce que l’intersectionnalité? Tout simplement le recoupement, dans l’observation d’une situation donnée, des différentes formes de domination qui en structurent la compréhension, et donc y déterminent la place et les capacités d’action de chacun: capitalisme, patriarcat, hétéronationalisme, xénophobie. Les imbéciles resteront de marbre. Pour les autres, la mise au point est idéale.

D’Éléonore Lépinard et Sarah Mazouz, éditions Anamosa, 72 pages. À paraître le 06/05.

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