Polyphonie corsée

© Capture d'écran du magazine Centre Pompidou 2020

Avec Le Magazine, qui éclaire son actualité eT FAIT entendre les voix de ceux qui la font, le Centre Pompidou s’affiche plus captivant que jamais.

Cela fait un moment que le Centre Pompidou planche sur son offre numérique avec pour finalité de rendre la culture accessible au plus grand nombre. Un objectif plus que louable, donc. Depuis le 17 novembre, l’institution française a franchi un pas supplémentaire en mettant en ligne un nouveau site développé en priorité pour une expérience en mobilité. Ceci afin de s’harmoniser au mode d’utilisation du plus grand nombre (plus de 55% des visites proviennent d’un terminal mobile) -le site a été entièrement conçu en « responsive design », ce qui lui permet de s’adapter automatiquement à tous les types d’écrans. Les équipes de Beaubourg ont profité de cette nouvelle interface fluide pour lancer un média farci de contenus inédits sous forme de points de vue, entretiens, portraits et articles de fond. Le Magazine, dont le nom à la sobriété heureuse se tient loin des effets de manche, calque ses formats sur ceux de la presse écrite à travers une maquette d’une grande lisibilité. Le tout se parcourt avec une facilité déconcertante, ce qui est louable à l’heure où de nombreux sites s’apparentent à des sables mouvants. Bien vu également, cette publication numérique fait la part belle aux visuels, agencés eux aussi sans esbroufe. Enfin, fidèle à un programme global gagné à la transdisciplinarité, la parution s’articule autour de neuf sections: À la Une, Expositions, Collection, Société, Cinéma, Scènes, Littérature, Coulisses et La recherche.

Addictif

Pour l’avoir compulsé de manière addictive, on peut dire que Le Magazine est à la hauteur de la notoriété du Centre Pompidou. Parmi les 70 articles dévoilés lors du lancement, on s’arrête immédiatement sur un long entretien, sans doute l’un des derniers qu’il ait donnés puisqu’il date de la fin mars (il est décédé le 31 mai), de Christo. Menée par la plasticienne franco-américaine Sabine Mirlesse, l’interview émeut tout autant qu’elle éclaire sur une oeuvre essentielle. L’intéressé y rappelle les fondamentaux d’une approche farouchement indépendante:  » Si tout tourne autour de la liberté, c’est parce que je me suis échappé seul pour faire de l’art, tout simplement. Mon art. » Ou, plus bouleversant encore, et prophétique propos de la crise sanitaire:  » Le monde entier est comme suspendu. C’est une maladie terrible, vous savez. Énormément de personnes de mon âge en meurent. Mais je veux que vous sachiez que beaucoup de ces projets peuvent être construits sans moi. » D’autres entrées retiennent l’attention, qu’il s’agisse du portrait de Kapwani Kiwanga, lauréate du prix Marcel Duchamp 2020, d’une rencontre avec l’artiste Barthélémy Toguo qui oeuvre pour rétablir le dialogue entre le Nord et le Sud, de la description de la folie bruxelloise de John M. Armleder (dont on attend la réouverture avec impatience), ou encore d’un focus sur une oeuvre aussi fameuse que La Blouse roumaine d’Henri Matisse. Mentionnons aussi un intéressant lexique, « Parlez-vous le Preciado? », qui revient sur les concepts-clé du philosophe spécialisé dans les études du genre, des politiques sexuelles et du corps.

Le Magazine

Centre Pompidou, www.centrepompidou.fr

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