Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Plus connu sous le nom de Sonic Boom, Peter Kember est l’un des membres fondateurs, avec le Spiritualized Jason Pierce (pour la petite anecdote né le même jour que lui, le 19 novembre 1965), des hallucinants et tout aussi hallucinés Spacemen 3. Mythique groupe de rock psychédélique anglais mort au début des années 90. Kember, qui a entre autres collaboré avec Stereolab et Yo La Tengo, est aussi devenu tout récemment le surprenant producteur,  » un mentor psychédélique » selon les principaux intéressés, de Congratulations, le nouveau MGMT. Rencontre au VK, à Bruxelles, après un extraordinaire concert de Spectrum auquel le bonhomme consacre aujourd’hui le plus clair de son temps.

Les vieux cons affirment qu’on n’enregistre plus rien de pertinent aujourd’hui. Vous n’en faites pas partie?

Je pense qu’il y a de nouveaux groupes très intéressants ces derniers temps. Je n’ai jamais accepté cette théorie répandue selon laquelle tout a été dit et fait. Bien sûr, les jeunes musicos ont écouté des artistes et des albums qui les ont plus ou moins inspirés. Mais c’est une bonne chose, non?

Vous avez été surpris que MGMT, fasciné par l’album Playing with fire de Spacemen 3, fasse appel à vous?

MGMT aurait pu travailler avec n’importe qui. Le fait que Ben et Andrew m’aient choisi, quelqu’un pour lequel ils allaient devoir se battre quelque part auprès de leur maison de disques, en dit long je pense sur ces garçons. Je ne pensais pas que leur label les laisserait faire. Ils sont d’une grande modestie et m’ont accueilli en studio comme un membre de leur groupe.

Comment expliquez-vous leur succès?

Ce qu’ils font est génial. Ils sont tellement talentueux que ça me fait chier… J’en suis presque jaloux. Tout le monde autour d’eux se demande ce qu’ils sont en train de fabriquer mais à chaque fois ça marche. Et ces mêmes personnes finissent par louer leur intelligence. Ce sont des mecs super intuitifs. Et plein de surprises. Beaucoup pensent que MGMT n’est que de la pop manufacturée et ceux-là sont vraiment loin du compte. Tout s’est déclenché très soudainement. Ben et Andrew ont pondu leurs premiers morceaux pour se marrer. Presque comme une blague. Et ils ont réalisé que ces chansons, des millions de gens étaient prêts à les écouter. Ils savent comment enregistrer des tubes mais ce n’est pas ce qu’ils ont recherché avec ce deuxième album. Ils se sont dirigés vers quelque chose de plus profond. Peut-être de moins immédiat mais qui tient davantage sur la longueur. Je respecte énormément cette attitude. La maison de disques voulait évidemment des Kids et des Time To Pretend.

Il paraît que vous avez joué les DJ’s pendant les sessions d’enregistrement. Qu’est-ce que vous leur avez fait découvrir?

Tout ce que je pouvais quelque part entendre dans leur musique et qu’ils n’avaient jamais écouté. C’était comme un petit jeu entre nous. Je leur ai par exemple amené le Cold Fact de Rodriguez… Mais aussi quelques trucs des Electric Prunes qui parvenaient à vous emmener avec eux sans s’obstiner dans le format de chansons traditionnel. Le couplet-refrain sempiternel. l

Julien Broquet

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