Platine

Au coeur du Hollywood des années 30, Saint des saints de la nouvelle magie cinématographique devenue parlante, le public, les producteurs, les acteurs n’en ont que pour Jean Harlow. L’Amérique puritaine et corsetée lorgne en particulier sans vergogne vers le corsage de la toute jeune ingénue, et s’abîme dans son décolleté plongeant. Venue de son Kansas natal, chaperonnée par une mère possessive, dévalisée par un beau-père ébloui, mais pas aveuglé, la blonde platine, modèle de la future Marylin et qui la précède, la devancera également avec un destin tout aussi tragique vers la chute. Car l’usine à rêves et ses cadences infernales ne voient en elle qu’un corps lascif, lieu de toutes les concupiscences, que la clique de producteurs va non pas employer, mais utiliser, puisque cette femme est une femme objet. Au contraire des vieux films hollywoodiens que l’on peut aujourd’hui trouver lents, le livre de Régine Detambel s’écrit parfois dans une phrase large comme le cinémascope, mais toujours au pas de charge, pour montrer le rythme infernal des tournages et le côté étoile filante de la jeune femme, consommée et consumée avant l’heure. Detambel décrit Hollywood comme un immense magasin de jouets, au milieu duquel la divine Jean n’est qu’une poupée… Tellement manipulée qu’elle finira vite par complètement se désarticuler.

de Régine Detambel, Éditions Actes Sud, 186 pages.

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