Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ A DES DÉFAUTS, MAIS ELLE EST ROMANESQUE. ELLE INSPIRE EN TOUT CAS RÉGULIÈREMENT LA BANDE DESSINÉE, DANS TOUTE SA DIVERSITÉ.

Hedge Fund t1-Des hommes d’argent

DE HÉNAFF, ROULOT ET PHILIPPE SABBAH, ÉDITIONS LE LOMBARD, 56 PAGES.

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Economix-la première histoire de l’économie en BD

DE MICHAEL GOODWIN ET DAN E. BURR, ÉDITIONS LES ARÈNES, 304 PAGES.

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On le sait depuis longtemps, la bande dessinée est capable de tout. Et même, même!, de rendre sympathique voire séduisant un contrôleur des impôts ou un avocat fiscaliste. Ou, encore plus fort, de nous faire comprendre, sans nous barber, les rudiments de l’économie de marché, la mécanique des hedge funds ou les théories économiques fondamentales, d’Adam Smith à David Ricardo. Et si l’art séquentiel narratif n’a pas encore trouvé sa place dans les syllabi de sciences économiques, les profs seraient bien inspirés de souffler à leurs students quelques titres de BD bienvenus pour réviser.

La tendance, lourde, a explosé dans la BD franco-belge et « classique » depuis un certain Largo Winch, en 1990. Depuis, les « business thrillers » n’en finissent plus de faire des petits. La collection Troisième Vague du Lombard a ainsi fait d’IRS et de ses spin-off une de ses valeurs sûres, suivie désormais d’un petit nouveau, dont le nom ne laisse planer aucun doute sur le genre, extrêmement codé: Hedge Fund. Présentée comme une trilogie qui plonge au coeur de la finance, berceau de tous les fantasmes de l’homme moderne, Hedge Fund va suivre l’ascension et la chute de Franck Carvale, jeune trader aux dents longues, à la tête d’une société d’investissement… Un scénario sans surprise: comme souvent lorsque le romanesque s’empare de l’économie de marché, celle-ci s’incarne dans des personnages détestables et pourris d’ambition -mais qui finiront par payer cher leur addiction à l’argent. Sans surprise donc, mais pas sans crédibilité, puisqu’un « vrai » trader co-scénarise cette nouvelle série clairement inspirée de l’affaire Kerviel. Philippe Sabbah a ainsi passé dix ans dans les salles des marchés ou les banques d’affaires. Un souci du détail et de l' »economic credibility » de plus en plus présent.

« economic credibility »

Sans toujours dépasser les mêmes clichés que la fiction, la BD du réel, qu’elle soit d’actualité ou historique, aime aussi à causer chiffres, statistiques ou stock options. Dans la revue XXI ou plus récemment dans la Revue Dessinée, les « vrais » sujets éco sont légion. Mais le top du genre a été atteint ces dernières semaines par la traduction d’un comics à succès: Economix, qui se veut la première Histoire de l’économie en bande dessinée, aussi crédible et pédagogique que n’importe quel livre du genre. La mission est presque réussie: des trusts au subprimes, les auteurs détaillent tout, avec une grille de lecture hélas typiquement américaine, et au final assez lourde elle aussi. N’est pas Winch qui veut.

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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