Pittsburgh

Frank Santoro est toujours, comme des millions de gens dans son cas après une vingtaine d’années, très affecté par la séparation de ses parents. Aujourd’hui, en couchant sur papier le récit de la rencontre de son père et de sa mère, il tente de faire une oeuvre cathartique destinée aux principaux intéressés mais surtout à lui-même. Ses parents se sont rencontrés pendant la guerre du Vietnam. Lui, ne voulant pas vivre dans l’angoisse de l’attente d’être appelé, s’est engagé volontairement. Elle n’a que 17 ans et termine l’école à Pittsburgh. Sans doute pour protéger sa fille d’une mauvaise nouvelle éventuelle, sa mère veut l’envoyer en Californie chez son oncle. Elle refuse et est accueillie dans la famille de son futur mari: c’est le premier clash. Les choses se calmeront à la naissance de leur fils, l’auteur. La famille de la mère de celui-ci se débat avec de graves problèmes d’alcool dans lesquels son père joue le rôle d’arbitre. Épuisé par cette fonction qui lui est imposée, il finit par quitter femme et enfant. Pittsburgh est une déclaration d’amour que Frank Santoro fait à ses parents et à ses grands-parents mais également à sa ville, qu’il s’est convaincu de ne plus vouloir aimer lorsqu’il est parti sur la côte Ouest, mais sans laquelle il ne peut vivre. La fermeture des usines a précipité le délitement du quartier, à l’image de ce couple que leur fils désespère de pouvoir recoller. De manière allégorique, il dessine sur du papier calque qu’il colle au tape sur des feuilles de couleurs conférant à l’ensemble un aspect de vieil album photo déglingué. Le dessin aux magicolors achève de nous convaincre de la nostalgie de l’auteur pour sa jeunesse définitivement perdue. Avec ce bel album, les éditions çà et là poussent un peu plus loin leur exploration de la BD underground américaine.

Pittsburgh

De Frank Santoro, Éditions çà et là, 224 pages.

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