Piranhas

Des Unes de quotidiens et de magazines, des grands entretiens à la pelle… L’Italien Roberto Saviano a eu droit à un traitement médiatique de faveur pour la sortie de son roman Piranhas. Logique au vu du parcours héroïque de ce David du XXIe siècle dont les docufictions sidérantes sur la mafia ( Gomorra en tête) lui ont valu une fatwa de la pieuvre, l’obligeant à vivre comme un animal traqué… Mais un peu disproportionné si l’on s’en tient aux qualités purement littéraires de ce récit de la mue accélérée d’un gamin de Naples en baron de la « famille » locale. Certains rêvent à cet âge tendre de devenir footballeur ou chanteur, Nicolas Fiorillo lui n’a qu’un objectif dans la vie: occuper le vide laissé par les parrains, qui sont soit au mitard, soit en fuite soit six pieds sous terre. Surnommé « Maharadja » par son baby gang, il en a la détermination, le charisme et surtout le cynisme (il a fait sienne la philosophie de Machiavel). Certes, Saviano dépeint avec un réalisme qui fait froid dans le dos cette nouvelle génération de mafieux sans foi ni loi ni même code d’honneur. Mais la richesse documentaire étouffe quelque peu l’élan romanesque, cantonné au rôle de figuration. On aurait aimé par exemple qu’il travaille davantage le motif des relations entre les jeunes protagonistes dans cette Italie infestée de poissons carnivores…

De Roberto Saviano, éditions Gallimard, traduit de l’italien par Vincent Raynaud, 357 pages.

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