ACTEUR AUSSI RARE QUE PRÉVISIBLE, TOM CRUISE JOUE LES PILOTES TÊTES BRÛLÉES DANS LE FUTURISTE OBLIVION… 27 ANS APRÈS TOP GUN, QUI PARAÎT EN BLU-RAY 3D.

ACTION

Top Gun

DE TONY SCOTT. AVEC TOM CRUISE, KELLY MCGILLIS, VAL KILMER. 1986. 1 H 51. DIST: UNIVERSAL.

6

SCIENCE-FICTION

Oblivion

DE JOSEPH KOSINSKI. AVEC TOM CRUISE, OLGA KURYLENKO, MORGAN FREEMAN. 2 H 04. DIST: UNIVERSAL.

5

Dans la masse luxuriante des bonus Blu-ray, Joseph Kosinski confesse s’être largement inspiré de The Twilight Zone et de films seventies comme Silent Running ou The Omega Man, soit de la SF old school compensant un éventuel déficit de moyens par un bon lancer d’idées fortes, au moment d’imaginer ce qui allait devenir Oblivion, graphic novel qu’il a lui-même adapté pour le grand écran. Las, comme c’était déjà le cas s’agissant de son clinquant Tron: Legacy, Kosinski est loin de se montrer à la hauteur de ses références vintage, toutes les idées en germe dans Oblivion semblant se concentrer dans le faste des décors futuristes, les gadgets et la photo, lumineuse, d’un film cultivant un certain sens du paradoxe, ce fier déploiement high tech à l’esthétique désespérément clinique servant bizarrement de prétexte à un message écolo au passéisme gentiment cliché. Oblivion nous emmène ainsi en 2077 sur une station perchée dans les nuages à partir de laquelle un pilote buté et peu malléable se lance dans des raids sécuritaires vers une Terre désertée par l’humanité suite à une guerre nucléaire… Passées des prémices intrigantes à la froideur magnétique, l’ensemble bascule hélas rapidement dans une banale histoire de SF musclée à l’emphase quasi opératique. A peine moins prévisible, en somme, que le jeu de Tom Cruise, et ses quatre expressions labellisées -la concentration, la perplexité, la détermination, l’amusement auto-satisfait.

Pilote tête brûlée peu enclin à se conformer à la hiérarchie, Cruise l’était au fond déjà en 1986 dans Top Gun, classique eighties qui paraît aujourd’hui en Blu-ray 3D. Accompagnant la formation d’une brochette de pilotes d’élite de l’aéronavale américaine en mode héroïque, le film a été vu, revu et re-revu, qui suit un schéma de divertissement d’action à la fibre dramatique largement éprouvée: un jeune chien fou en lutte avec les fantômes de son passé joue la carte du fier-à-bras crânement superficiel avant de révéler toute sa vibrante sensibilité, rame un peu puis emballe la blonde incendiaire qui se mordille invariablement la lèvre inférieure de désir à chaque fois qu’il apparaît dans son champ de vision, pleure la mort de son meilleur ami, connaît un sérieux coup de mou, en retire quelques précieuses leçons de vie, et finit par triompher par son courage et son grand coeur sous des salves nourries d’applaudissements au soleil couchant. C’est assurément spectaculaire, kitsch à souhait, patriotique à mourir, passablement machiste et pour tout dire parfaitement crétin: assez jouissif, en somme, à condition d’adopter le recul de rigueur, façon pop-corn rigolard, pour mater la chose.

NICOLAS CLÉMENT

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