Le réalisateur corse de Cible émouvante, des Apprentis, de Comme elle respire et de Hors de prix signe avec De vrais mensonges une de ses comédies les plus abouties.

Déclencher un récit à partir d’une lettre (anonyme), à l’heure du tout email et sms, est-il comme un acte de foi, de résistance?

Certainement de résistance. Le film parle (entre autres) de l’importance des mots. C’est l’histoire d’une fille qui lit une lettre 2 fois. Elle la lit, la froisse et la jette. Puis elle la reprend, la défroisse, la relit et est touchée. Il fallait donc que ce soit une vraie lettre, écrite sur du papier. Il fallait aussi qu’on voie l’effort du garçon qui l’écrit, qui froisse et jette les versions successives qui ne le satisfont pas… A cet élément matériel s’ajoute une forme de foi dans la force et la beauté des mots. Pour autant, je ne condamne pas les nouvelles formes de correspondance. Les jeunes, surtout, redécouvrent -je crois- l’écriture à travers leurs échanges via mail et surtout sms. Ils retrouvent ce plaisir de pondre la formule la plus poétique, la plus tendre ou la plus drôle. Bref, inventer un langage un tant soit peu sublimé, transcendé…

Le casting avait de particulier de devoir composer un tandem mère-fille. Vos actrices ne se ressemblant pas vraiment…

J’en étais évidemment conscient. C’est pour cela que j’ai trouvé un père qui ressemble à Audrey, Daniel Duval, qui est par ailleurs un acteur au style de jeu totalement différent, en rupture avec celui du film, beaucoup plus charnel, senti, émotif. Ce qui était d’autant plus intéressant!

Ce nouveau film est-il, de tous ceux que vous avez réalisés, celui qui va le plus loin dans une certaine stylisation?

Oui, je pense. Le style, c’est la langue du film, c’est sa grammaire! C’est ce que vous posez dans les 10 premières minutes. On pose le ton, on donne le La. Le spectateur assimile cette langue, puis il accepte certaines choses qui vont se passer, comme par exemple une danse le long d’un quai pour évoquer le bonheur, ou des ombres chinoises révélant la vérité… Au réalisateur de ne pas faire de faute d’orthographe ( rire), de ne pas rompre l’artifice! Les sentiments, eux, devant rester réels, évoquer la condition humaine dans toute sa richesse et toute sa complexité. C’est pour ça que je préfère Lubitsch à Capra. Capra filmait les gens comme ils devraient être, Lubitsch les filmait tels qu’ils sont!

L.D.

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