Phallus

Revenu chez ses parents pour célébrer Noël en famille, le narrateur se réveille dans le noir dans son lit d’enfant, incapable de prononcer un mot. Face à l’hystérie collective des proches accourus à son chevet, il se rend à l’évidence: il s’est métamorphosé en phallus géant! « Aussi, (…) bien que je sente toujours ma bouche qui remuait mollement, timidement, très loin devant moi lorsque j’essayais d’articuler quelque chose, je commençais à perdre patience et à m’échauffer un peu. » Et le lecteur donc! Pas de surprise, on est chez Limon ( Scène de la vie conjugale). Plongé dans La Métamorphose de Kafka et Le Sein de Philippe Roth en vue d’un ouvrage critique, le narrateur en ressort profondément imprégné, voire contaminé. Prenant Gregor Samsa et David Kepesh pour modèles, voici donc l’auteur s’interrogeant sur l’impossibilité de cette métamorphose: l’effroi qu’elle suscite dans son cercle, l’hilarité peu amène qu’elle provoquera, sans compter la future curiosité du corps médical. Mais le système montre rapidement ses limites. Coincé dans cette chambre, Limon ressasse, encore et encore, semblant tirer à la ligne, comme impuissant face à la présence de ce phallus géant et inutile, aliénant et encombrant. « J’avais trop lu Franz Kafka et Philip Roth et j’étais, il me semble, trop bien placé pour le savoir. »

De Philippe Limon, Éditions Gallimard, 144 pages.

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