HÉLÈNE GIRAUD ET THOMAS SZABO ONT PENSÉ À… PETER JACKSON AU MOMENT DE FAIRE DE MINUSCULE UN FILM QUI NE L’EST PAS DU TOUT.

La fourmilière s’élève telle une montagne dans le paysage herbeux. De son sommet, ses habitants montent une garde inquiète. Soudain, quelque chose bouge dans la végétation. Et apparaît l’armée des fourmis rouges, menaçante, innombrable, envahissant le terrain découvert qui mène à la fourmilière promise à leur assaut… Ce sont des fourmis, et nous sommes dans Minuscule, mais c’est -irrésistiblement- à la formidable séquence de l’attaque de la forteresse de Minas Tirith dans The Lord of the Rings – The Return of the King que l’on pense! « Nous avons voulu donner à notre film une dimension épique, clame Thomas Szabo, avec l’introduction de la musique (seulement présente au générique sur la série, ndlr) qui offre une dimension orchestrale façon Pierre et le loup de Prokofiev, et aussi en s’inspirant d’une référence majeure du genre comme la trilogie de Peter Jackson. Notre pitch, quand nous cherchions le financement, c’était « Le Seigneur des Anneaux avec des insectes »…  »

Le passage du (très) court métrage (les épisodes de la série télévisée entamée sur France 2 en 2006 étaient d’une durée de six minutes, et même cinq pour la deuxième saison) au « grand » film n’est jamais mince affaire. « Nous avions très rapidement pensé à un long métrage, déclare Hélène Giraud, en fait dès la conception de la série, et nous avons commencé l’élaboration du scénario dès la fin de la saison 1. » Il n’était évidemment pas question de pouvoir transposer au long format le type de narration des épisodes de la série, présentés par sa coréalisatrice comme « de petites comptines, des haïkus« . Minuscule, le film, ne devait pas être une succession de saynètes mais « un film d’aventures, avec une héroïne qui va vivre un certain nombre de péripéties, avec une histoire en trois actes, et au format « scope » en lieu et place du 16/9« . Giraud et Szabo ont fait le choix de quitter le petit bocage normand et la petite Provence avec ses cigales servant de décors naturels à la série pour « aller vers les paysages sauvages, extraordinaires, du Mercantour (1) ». « En bref, poursuit Giraud, on voulait casser pas mal de codes mis en place pour la série, mais en gardant des principes de base, et avant tout le fait qu’il n’y ait aucun dialogue. »

« Au départ, personne ne voyait très bien où nous allions, mais nous n’avons jamais eu le moindre doute« , commente Szabo. Sa complice ajoutant: « Nous savions qu’une clé majeure serait la possibilité, pour le spectateur, de s’identifier à notre héroïne tout au long du film, et de s’attacher à elle, à travers l’action bien sûr mais aussi les moments plus contemplatifs auxquels invite la nature. » Pari tenu, tant la coccinelle choisie pour personnage central est craquante! Mais les seconds rôles sont aussi réussis, comme cette petite araignée noire si sympathique (très loin, pour le coup, de l’Arachne du Seigneur…) dont la rencontre avec l’héroïne offre une de ses plus belles séquences au film. « Cette scène montre toutes les techniques qui ont été utilisées, commente Giraud. Prise de vue réelle dans la nature, décors construits dans un immense studio (il y a eu dix décors de ce type au total), et images de synthèse. La maison de poupée où habite l’araignée et tout le marécage autour sont en décor bâti, et l’intérieur de la maison est en full synthèse. Notre but étant que l’on puisse passer d’une technique à l’autre en toute fluidité, sans qu’on perde jamais l’impression de réel. » La maison de l’araignée est une copie miniature de la maison de Psycho, le film d’Alfred Hitchcock, avec la même fenêtre allumée quand on la découvre de l’extérieur… Les auteurs de Minuscule ont le chic pour soigner chaque élément d’un ensemble tenant superbement la note du réalisme magique.

« Nous aimons cette idée que si la caméra recule, on puisse avoir l’impression qu’il s’agit de vrais insectes, conclut Giraud. Nous aimons ce trouble, comme quand à la fin ils ressortent des ruines de la fourmilière et qu’on croit voir de vraies fourmis alors qu’il s’agit encore d’animation… » Et Szabo d’ajouter in extremis, dévoilant un secret de fabrication, que « tout est dans la manière de faire se déplacer les fourmis: de façon totalement fourmiliesque, copiée sur la réalité, dans les plans larges, et de façon surréaliste quand on les voit de près. » Aucun détail n’est donc laissé au hasard, fût-il… minuscule.

(1) UN DES DIX PARCS NATIONAUX FRANÇAIS, SITUÉ SUR LE TERRITOIRE DES ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE ET DES ALPES-MARITIMES.

RENCONTRE Louis Danvers

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