Panorama

© XAVIER NOIRET-THOMÉ / COURTESY OF THE ARTIST

L’avantage du deuxième confinement, c’est qu’il a repoussé les dates de clôture de certaines expositions. Du coup, on a pu « rattraper » la proposition de la Centrale dédiée à Xavier Noiret- Thomé (1971, Charleville-Mézières) et, sous invitation de ce dernier, au sculpteur Henk Visch (1950, Eindhoven), que l’on a déjà évoqué dans ces colonnes. Chapitré en cinq sections, ce parcours aéré sort l’oeil de ses ornières. On en prend la mesure dès la première pièce, pernicieuse à souhait. L’assemblage évoque ces dispositifs réfléchissants qui parsèment l’Histoire de la peinture, de Van Eyck à Vélasquez. Mais ici l’artiste français détourne l’objet d’une manière que n’auraient pas reniée les surréalistes: il s’agit d’un plat à paella émaillé sur lequel est vissé un miroir convexe de style Empire. Nom de cette pièce iconoclaste? L’Empereur des cyclopes (2019). Le ton est donné et il signe la veine dans laquelle Noiret-Thomé excelle, celle de l’irrévérence. Tout aussi jouissive est sa Sélection de peintures sur cartes postales (1995-2020), dans laquelle il s’amuse à perturber le registre des reproductions telles qu’on les trouve dans les musées. À coups de pinceau et de collages, ces images déchues renouent avec le statut d’oeuvre, non sans une dose d’humour. Ces mêmes cartes sont le sujet d’un film captivant signé par Joachim Olender. Il s’agit d’un jeu d’un genre particulier, filmé au plus près des personnages, dans lequel quatre protagonistes de plus en plus alcoolisés s’affrontent à la faveur d’une « bataille » autour d’oeuvres emblématiques de l’Histoire de l’art, de Dürer à Malevitch. La partie s’enlise de manière éloquente, elle en dit long sur notre rapport à l’art. Les multiples jugements à l’emporte-pièce révèle ce  » point de vue du valet de chambre » dont parlait Hegel. En clair, toute critique adressée à un artiste sera retenue contre nous en ce qu’elle ne dit rien de lui mais tout de notre petitesse.

Xavier Noiret-Thomé et Henk Visch, Centrale, 44 place Sainte-Catherine, à 1000 Bruxelles. Jusqu’au 21/02.

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www.centrale.brussels

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