Rencontre avec Pink Room, l’un des groupes noise punk les plus furieux du royaume

Bart Cocquyt (au centre): "Je ne veux pas sonner comme un vieux grincheux. Ce que je ne suis pas. Il y a plein de super trucs qui marchent."
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le 9 octobre, Pink Room sera avec les Kids, la Muerte et plein d’autres à l’affiche du Rockerill Festival. Rencontre avec un harpiste qui a bossé au port de Gand et emmène l’un des groupes noise punk les plus furieux du royaume.

Il porte la moustache, a le cheveu long et avoue dans son look un faible pour les chemises aux motifs exotiques. Bart Cocquyt a fixé rendez-vous à De Roes, un bar et une cave dans le centre de Gand où il organise des concerts tous les jeudis. Ce soir-là (un mardi pour le coup), il accueille le Villejuif Underground et Frankie Traandruppel, le projet solo de Lee Swinnen (Double Veterans, Tubelight, Ero Guro…). L’un des autres talentueux et beautiful losers de la scène rock flamande qui, pour la petite histoire, assure des choeurs sur Putain royale, le dernier album de Pink Room.

Cocquyt a 32 ans, bientôt 33. Il est né à Ostende. Il jouait de la harpe avant de découvrir l’électricité et de devenir le chanteur-bassiste d’un des groupes de rock les plus excitants du pays… « Mes parents voulaient que je joue de la musique et m’avaient laissé choisir un instrument. C’est la harpe qui m’a tapé dans l’oeil, dit-il avec sa voix travaillée à la bière bon marché et aux Camel bleues… C’est tout ce dont j’ai joué de mes sept à mes seize ans. » Cocquyt se met à la basse grâce à Queens of the Stone Age et au clip de No One Knows (merci Nick Oliveri). Il joue dans des groupes de pop et de black metal lors de soirées scouts… Puis de ses 22 à ses 26 printemps, arrête complètement la musique. « Je n’avais plus la tête au bon endroit. Je voulais faire le conservatoire mais ils ne m’ont pas laissé y entrer. Genre: essaie l’année prochaine. Mais comment tu fais pour payer tes factures et une ville comme Gand? Donc, j’ai commencé à bosser sur le port à l’âge de 18-19 ans. »

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Faute de chanteur, Bart se met à donner de la voix dans Alpha Male, son groupe proto-Pink Room et, quand tout le monde arrête pour les études, poste le 16 juin 2016 une petite annonce sur Facebook. « Bassiste gantois cherche guitariste/claviériste/batteur. Influences: Parquet Courts, Ty Segall, Lightning Bolt, Pixies, Vince Staples, Father John Misty, Mclusky, King Gizzard, Deerhoof, Dean Blunt… » « Les deux autres ont répondu. On a répété pendant un an. Puis on a enregistré notre premier EP et les choses se sont enchaînées. Glenn (Janssens, guitare) est très important dans ce groupe. Quand j’ai posté ma petite annonce, il a été le premier à réagir. Je ne le connaissais pas et, cinq ans plus tard, on fait toujours de la musique ensemble. Je pense qu’il est plus bruitiste et plus stoner que moi. Millionaire, Evil Superstar… Il est le noise guy. On se partage l’écriture des musiques. On est vraiment dans le partage. »

Aux tripes…

Explosif, le deuxième album de Pink Room dure 21 minutes et 14 secondes pour dix morceaux. Enfin neuf et une intro de l’Australien Nathan Roche du Villejuif Underground… « Lors d’un show à Bruxelles au Magasin 4, quelqu’un avait gueulé un truc du genre: « Ah, c’est vraiment putain royal ». On s’est dit que c’était un bon titre d’album. On en a discuté avec le groupe. On voulait un truc plus massif. Plus gros mais sans perdre le côté sale. On avait cité des références comme Pissed Jeans et Mclusky -Sleaford Mods aussi… J’aime leur côté pince-sans-rire. Ils ne se prennent pas trop au sérieux. Et puis bien sûr leur son, quelque part entre le punk et le hardcore. Après le premier confinement, on a énormément répété. Trois ou quatre mois. L’album aurait sonné fort différemment si on l’avait enregistré plus tôt. On a eu le temps de le travailler. »

Les textes de Cocquyt sont très personnels. Ils évoquent l’ennui de la vie de tous les jours. La banalité de tout. « Stay White est évidemment ironique. « If you want to have a good life, stay white »… Ce n’est pas une chanson nazi. Définitivement pas. C’est tout le contraire. Live Laugh Love parle de la vie en ville. De la lutte, du combat que ça représente. »

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Pink Room, qui doit son nom à la B.O. de Twin Peaks (Bart écoutait beaucoup sa réinvention par Xiu Xiu), passe un peu sur Studio Brussel mais aussi sur des radios étudiantes. En Alaska comme en Grèce. Il n’était pas programmé au Pukkelpop (de toutes façons annulé) mais a participé au Rock Herk. « On est encore très underground et on est déjà très contents de ce qu’on a pour l’instant. C’est déjà pas mal de s’en sortir, non? » Depuis trois ou quatre ans, Bart a pu arrêter de bosser sur le port. À côté du groupe, il organise des concerts. « Je programme aux tripes, je crois. Ça doit juste être excitant. » Et joue les DJ. « Avant le corona, je pouvais payer mes factures juste en passant des disques. » Il mixe dans un tas de bars gantois: Kinky Star, Charlatan, Giraf… « C’est clair qu’il n’y a pas vraiment d’autres villes, à part Bruxelles et Anvers, où ce serait possible en Belgique… »

En attendant, si de plus en plus de gens semblent intéressés et si le public se fédère, pas mal de clubs et d’endroits DIY ferment leurs portes ces derniers temps à Gand. « C’est tout le paradoxe. Le Bristol est en train de mettre la clé sous le paillasson. De Ruimte n’est déjà plus là. Et c’en est fini du Dok. Pourquoi? Je déteste ce mot mais la gentrification. Ces terrains sont vendus pour en faire des logements. Après, d’autres endroits ouvriront. C’est pour ça qu’on s’y est mis. C’est la logique du Do It Yourself, non? Bruxelles montre la direction à suivre. Des trucs ouvrent, durent quelques mois, ferment et renaissent ailleurs. Il faut continuer de se battre. C’est un truc de passionnés. »

Pink Room, Putain royale, distribué par Rockerill/ Zoe Zoe/Six tonnes de chair. ****

  • Le 09/10 au Rockerill Festival, from punk garage to acid techno, Marchienne-au-Pont. Avec Wild Classical Music Ensemble, Warm Exit, The Kids, La Muerte… www.rockerill.com
  • Le 22/10 au Stock (La Louvière) avec Giac Taylor
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