Out of the Blue

Vendeuse en friperie, Lucie, jeune fille noire, possède zéro capital réel ou symbolique mais rêve de faire des images de film non polies, comme les cailloux dessinés qu’elle sème dans l’espace urbain. En butte dans son école de cinéma à des codes dans lesquels elle ne se reconnaît pas, elle navigue à vue entre la nécessité de joindre les deux bouts -qu’importe que son corps s’expose sur les réseaux et qu’elle glisse jusqu’à la prostitution- et sa fascination dévorante pour Cebe Barnes, l’héroïne jouée par l’énigmatique Linda Manz du film Out of the Blue de Dennis Hopper (film accueilli tièdement à sa sortie en 1980, mais devenu culte et tout juste réédité par Potemkine). Avec Out of the Blue, Élodie Issartel nous offre un fabuleux récit d’émancipation contrarié, hanté par une figure de punkette inflammable qui refuse d’encore subir la violence incestueuse. Toujours louvoyante, l’autrice crée du dérapage passionnant dans nos attentes et son protocole de départ. La fracture de classes devient poreuse à d’autres vertiges existentiels, jamais exagérément soulignés, toujours dissous dans la peau du texte. À la façon de Lucie et Cebe, Élodie Issartel joue elle aussi avec les allumettes et adopte la tangente. Laissons le mot de la fin à Neil Young, qui peuple le film et le livre:  » There’s more to the picture/Than meets the eye« .

D’Élodie Issartel, éditions Vanloo, 156 pages.

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