On était des poissons

 » Tu es prête? Maillot de bain! » C’est la formule rituelle d’Alice à Agathe, sa fille de onze ans, alors qu’elles viennent de rejoindre Saint-Clair, une station balnéaire du Lavandou, en ratant une semaine de collège. Elles logent à la Citadelle, chez Madame Platini, une amie d’Augustine, l’aïeule de la famille. Mais les vacances tournent à l’aigre. L’humeur de la mère, déjà fantasque, joue les montagnes russes dans cet environnement, entre surnoms mi-doux mi-aigres, réprimandes sur les aliments qui rendent grosse et scandale à la pizzeria, alcool à l’appui. Depuis New York où il a refait sa vie, le père d’Agathe n’est guère un soutien. Engluée dans cette relation toxique avec une figure maternelle belle et inquiétante, la fillette ne sait plus quel registre adopter:  » C’était une bête sauvage dont je voulais contrôler la folie en la consolant de tout mon amour qui revenait malgré moi, malgré mes promesses de la détester, malgré mon dégoût, malgré je ne sais quoi encore. » Entre résignation d’être mise de côté quand Alice flirte avec Maurice et tentative de complicité rabrouée, elle navigue à vue, son livre Le Bateau incassable comme refuge. Une conversation avec Madame Platini va éclairer d’un jour nouveau le lignage des femmes de sa famille. Mais la tornade qui déracine tout continue à souffler… Dans un roman toujours sur la brèche, Nathalie Kuperman fait de l’enfance d’Agathe un bassin à débordement, où l’amour filial surnage comme il peut quand les gouttes troubles s’étalent, inexorablement.

De Nathalie Kuperman, éditions Flammarion, 272 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content